Foi catholique traditionnelle
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Moment précis où la nuit spirituelle doit commencer

Source: Carmélites de Paris 1893

De la nuit spirituelle et du moment précis où elle doit commencer

La divine Majesté n’établit pas immédiatement dans l’union d’amour l’âme qui est sortie du creuset des sécheresses et des épreuves de la première purification ou nuit des sens; mais, après lui avoir fait quitter la voie des commençants, Elle a coutume de l’exercer longtemps, et même bien des années, dans celle du progrès. Semblable à un homme sorti d’une étroite prison, l’âme s’avance alors dans le sentier de la perfection avec un coeur plus dilaté et plus joyeux, et elle est comblée de délices intérieures, plus abondantes que celles dont elle jouissait avant d’entrer dans cette nuit. L’imagination et les puissances ne sont plus préoccupées de former des raisonnements, et l’esprit se repose aussitôt avec une grande facilité dans une douce et amoureuse contemplation. Cependant la purification de l’âme n’est pas achevée; celle de l’esprit, qui est la principale, manque encore, et sans elle la purification sensible, si violente qu’elle ait été, ne sera jamais complète, à cause de la liaison étroite qui existe dans le même sujet entre la partie supérieure et l’inférieure.

Cet état n’exclut point les ténèbres, les sécheresses et les angoisses; parfois même elles y sont beaucoup plus intenses qu’au milieu des épreuves antérieures. Elles sont comme les présages, les messagers de la nuit de l’esprit qui doit suivre; toutefois leur durée n’est pas aussi longue. Après quelques jours, après un certain temps d’orages et de tempêtes, le ciel de l’âme recouvre sa sérénité habituelle. Dieu purifie ainsi peu à peu ceux qui ne doivent pas s’élever à un très haut degré d’amour; il interrompt leur nuit de contemplation, et les fait passer souvent de l’obscurité la plus profonde aux clartés splendides du jour. Ainsi s’accomplit la parole de David: Il envoie sa glace comme par bouchées.

Mais ces parcelles de contemplation ne font jamais ressentir à l’âme les horreurs de la nuit de l’esprit, dont nous devons traiter, et où Dieu l’introduit à dessein pour la conduire à l’union divine.

Le goût intérieur communiqué à l’esprit en la voie de progrès, rejaillit sur les sens avec beaucoup plus d’abondance que dans la première purification; car la pureté dont elle les a pénétrés, rend ces derniers plus aptes à ressentir à leur manière les délices de l’esprit. Néanmoins la faiblesse et l’impuissance de la partie sensitive, appelée à partager les fortes impressions de l’esprit, produit souvent un affaiblissement général et une fatigue d’esprit, dont le Sage nous explique le mystère lorsqu’il dit: Le corps qui se corrompt appesantit l’âme. Il en résulte que les communications faites à ces âmes ne sauraient être aussi fortes, aussi intenses, ni aussi spirituelles, que l’exigerait l’union divine ; elles tiennent encore de la faiblesse et de la corruption de la sensualité. Ces ravissements et ces transports qui vont parfois jusqu’à disloquer les membres, sont le résultat ordinaire des communications qui ne sont pas purement spirituelles ; mais ces phénomènes ne se produisent point chez les âmes parfaites, déjà purifiées par la seconde nuit, c’est-à-dire par celle de l’esprit. Chez elles les extases et les agitations du corps n’ont plus lieu, elles jouissent de la liberté d’esprit, sans aucun détriment pour les sens.

Nous signalerons maintenant certaines imperfections, et certains dangers inhérents à l’état de progrès, afin de faire mieux comprendre combien il est nécessaire à ces âmes de pénétrer dans la nuit de l’esprit.

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