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Règles et Constitutions du Tiers-Ordre de Notre-Dame du Mont Carmel

Des règles du Tiers-Ordre

Avant propos

Les règles du Tiers-Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel étaient autrefois, et sont encore en certains pays, très-austères :

Et en effet, outre les pénitences prescrites par la sainte Eglise, les personnes engagées dans le Tiers-Ordre jeûnaient encore : (1) tous les mercredis, vendredis et samedis, depuis le 14 septembre jusqu’à Pâques; (2) tous les autres vendredis de l’année; (3) aux vigiles des fêtes de la sainte Vierge et des principales fêtes de l’Ordre; (4) et de plus elles faisaient abstinence non seulement tout le Carême, mais encore tout l’Avent et tous les mercredis de l’année, puis enfin elles se livraient à beaucoup d’autres pénitences corporelles que nous passerons ici sous silence. Mais la sainte Église, toujours très indulgente à l’égard de ses enfants, a bien voulu les adoucir, par un décret de notre très saint Père le Pape, Grégoire XVI, de sainte mémoire, adressé à Monseigneur l’archevêque de Paris, le 7 juin 1837, et ce sont ces mêmes règles que Monseigneur l’Évêque du Mans a daigné approuver pour notre Congrégation du Mans, le 21 mars 1854.

Du gouvernement du Tiers-Ordre

Le Tiers-Ordre de Notre-Dame du Mont Carmel sera sous l’autorité de l’Evêque du lieu où il sera établi. Les soeurs s’adresseront à lui pour demander un Supérieur, et que ce soit un homme de grande vertu, d’une grande charité, dont la pureté de la foi soit bien reconnue, très-zélé pour la gloire de Dieu et pour l’observation de la Règle, la faisant garder exactement, sans laisser introduire ni changement, ni relâchement; mais veillant à tout avec autant de zèle que de prudence et de discrétion.

Avec le Supérieur, le Tiers-Ordre aura un Conseil composé d’une Supérieure, d’une Assistante, d’une Secrétaire et de plusieurs Surveillantes, suivant le nombre des soeurs; cependant il ne pourra pas y en avoir plus de dix. Toutes les affaires de l’Ordre seront décidées dans le Conseil, la réception des Postulantes, Novices et Professes, l’emploi des fonds donnés pour des oeuvres de charité, enfin tout ce qui concernera le bien général de l’Ordre; et on ne regardera de décidé que ce qui aura été reçu au Conseil à la majorité des voix. Le supérieur et la Supérieure auront deux voix dans les délibérations.

On aura grand égard dans le Conseil à l’avis du Supérieur, et, autant que le bien de l’Ordre le permettra, on s’y soumettra. La Supérieure sera nommée par le Supérieur, par le Conseil et par la majorité des Professes anciennes. L’Assistante, la Secrétaire et les Surveillantes seront nommées par le Conseil.

La Supérieure, pour être élue, aura cinq années de profession, et les autres Officières trois; mais, dans un commencement d’établissement, le Supérieur les nommera provisoirement.

Les élections se feront tous les trois ans, et on pourra réélire les mêmes personnes autant de temps que le bien de l’Ordre l’exigera. Le Supérieur aura le droit de déposer les Officières avant la fin de leur triennal, si elles ne remplissaient pas les devoirs de leur charge. On n’admettra en charge que des soeurs qui ne soient pas obligées de travailler pour leur existence, afin que rien ne les empêche de remplir les devoirs de leur charge. On n’y admettra de même que des soeurs d’un âge mûr, d’une piété reconnue et exemplaire, d’un esprit solide, et sur la prudence et la discrétion desquelles on puisse compter; et, pour cela, le Supérieur aura une connaissance particulière de toutes les soeurs, de leur intérieur, de la manière dont elles remplissent leur Règle et les devoirs de leur état, afin de connaître celles qui peuvent remplir des places, et de les proposer au Conseil, lorsqu’on fera les élections. Les soeurs nommées à quelque office l’accepteront par obéissance avec soumission, et s’en acquitteront avec toute l’exactitude possible, dans la vue de plaire à Dieu et de travailler à sa gloire. Cependant, si elles avaient de bonnes raisons qui pussent les empêcher de remplir les devoirs de la charge qu’on leur donnera, elles pourront les communiquer au Supérieur, qui y aura égard.

Le Supérieur assemblera le Conseil tous les mois, afin de conférer sur les affaires de l’Ordre, et d’examiner si chaque membre remplit les devoirs de sa charge et leur en faire rendre compte. Les soeurs du Conseil seront exactes à se trouver à cette assemblée, à moins de fortes raisons, dont elles instruiront le Supérieur. Les soeurs ne pourront jamais parler de ce qui aura été dit et décidé au Conseil sans la permission du Supérieur. Il y aura un registre tenu par la Secrétaire, où sera écrit le jour de la réception des Postulantes, celui de leur prise d’habit et profession, le jour et le lieu de leur naissance et baptême, leurs noms de baptême, de famille et de religion, tous les ans leur acte de rénovation, et enfin leur décès et sépulture.

On ne recevra dans ce Tiers-Ordre que des filles ou des veuves; on n’y recevra aussi que des personnes qui aient ou assez de fortune pour vivre aisément, ou un état qui les fasse vivre chez elles.

Des Postulantes

La personne qui désirera entrer dans le Tiers-Ordre se présentera au Supérieur pour en faire la demande, lequel fera prendre d’elle les informations nécessaires par les Surveillantes; et si elles sont à son avantage, la recevra au nombre des Postulantes et la fera inscrire sur le registre. A compter de ce jour-là, il s’écoulera trois mois avant qu’elle puisse être admise au Noviciat; et si, pendant ces trois mois, elle mène une vie exemplaire et édifiante, assistant régulièrement aux offices de sa Paroisse, s’approchant des sacrements, remplissant les devoirs de son état, sur l’attestation des Surveillantes, le Supérieur la présentera au Conseil; et si elle y est acceptée, il lui fera prendre l’habit et l’admettra au Noviciat; mais si elle était refusée, le Supérieur la dissuaderait avec bonté et prudence du dessein qu’elle avait formé. Le Supérieur pourra aussi différer la prise d’habit pour les sujets dans lesquels il trouverait trop de légèreté, afin de les éprouver davantage.

Des Novices

Le Noviciat sera d’une année entière. Durant ce temps, la Novice sera tenue de suivre la Règle et les Statuts de l’Ordre, et sera sous la surveillance de celle de son quartier. Après le Noviciat, si elle s’est comportée d’une manière à mériter d’être admise dans l’Ordre, le Supérieur l’examinera de nouveau; et, après s’être assuré si c’est le zèle de sa perfection et le désir de mener une vie plus retirée et plus parfaite qui la déterminent à entrer dans l’Ordre, il assemblera le Conseil pour la proposer, et si elle est reçue, le Supérieur l’avertira de se préparer pour faire profession. Elle s’y disposera par une retraite de neuf jours et par une confession générale ou du moins extraordinaire. Ces exercices seront accompagnés de toutes les bonnes oeuvres qu’elle pourra faire, afin d’obtenir de Dieu un entier changement de vie par le sacrifice qu’elle doit lui faire de sa personne, de son coeur et de son esprit, par les voeux de chasteté et d’obéissance.

Des Professes

Le Supérieur ayant déterminé le jour où la Novice doit faire profession, elle se rendra à la chapelle où doit se faire la cérémonie, et s’y tiendra en grand silence et recueillement, afin d’être plus disposée à recevoir les grâces abondantes que Dieu répandra dans son âme pendant cette précieuse cérémonie, si elle s’y est bien préparée.

La cérémonie de la profession se fera comme elle est marquée dans le Cérémonial, et au moment où la Novice doit prononcer ses voeux, les tenant écrits de sa main et signés, elle se présentera devant le Supérieur, et en présence des soeurs, elle les prononcera trois fois d’une voix claire et distincte de cette sorte:

Je, soeur… fais ma profession, et promets à Dieu tout-puissant et à la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel, à sainte Térèse, notre Mère, à notre Supérieur et à ses successeurs, obéissance et chasteté suivant la Règle du Tiers Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Ces voeux n’obligent que pour un an 1, et seront renouvelés chaque année, le jour de la Présentation de la Sainte-Vierge, par les soeurs qui persévéreront dans leur vocation.

Chaque soeur prononcera ses voeux ce jour-là à la Messe qu’elle entendra, et avant de recevoir la sainte communion. Elle en donnera ensuite au Supérieur un acte par écrit, afin qu’il le fasse enregistrer.

Dès que la Novice aura prononcé ses voeux, elle participera à tous les biens spirituels et aux fruits de toutes les bonnes oeuvres qui se font, tant par les religieux et religieuses du Mont-Carmel, que par les associés qui sont dispersés dans toutes les parties du monde; de plus, elle jouira de tous les priviléges et indulgences que les Souverains Pontifes ont accordés à l’Ordre du Carmel; de sorte qu’elle doit espérer d’être puissamment aidée durant sa vie et singulièrement à l’heure de sa mort, par les prières et par les mérites de tant de fidèles serviteurs et servantes de Dieu, auxquels elle est unie de profession et d’intention.

Du voeu de chasteté

Les voeux sont des liens spirituels par lesquels l’âme s’attache à Dieu inviolablement.

Celui de chasteté est ce qu’il y a de plus admirable dans la religion. Il rend celle qui le fait l’Épouse de Jésus-Christ, et l’associe à sa félicité et à sa gloire; mais aussi, elle ne doit aimer que cet Époux céleste, et ne vivre que pour lui, en toute sainteté d’esprit, de paroles, d’actions, et conserver cette grâce inappréciable par la mortification, une profonde humilité, une grande défiance de soi-même, et enfin par une vie tout angélique.

Du voeu d’obéissance

Le voeu d’obéissance que font les soeurs du Tiers-Ordre est pour attirer le mérite de cette vertu dans les exercices spirituels de la Règle, et il les oblige à porter avec un grand respect l’habit de la très sainte Vierge, à honorer le Tiers-Ordre et le légitime Supérieur, à avoir pour lui une vénération singulière, puisqu’il leur tient la place de Jésus-Christ, à recevoir avec humilité de coeur et soumission d’esprit les avis qu’il leur donnera pour le bien de leur âme, lui obéissant fidèlement dans tout ce qui regarde leur perfection, en qualité de ses filles spirituelles.

De l’esprit de l’Ordre

Les soeurs du Tiers-Ordre ne perdront jamais de vue la fin et l’objet principal de leur Institut. Toutes leurs prières et bonnes oeuvres seront faites à cette intention en union avec tout le Carmel.

Elles tâcheront d’honorer, par une conduite édifiante, l’habit de la très-sainte Vierge qu’elles ont le bonheur de porter, et l’Ordre du Carmel auquel elles ont l’honneur d’être associées, et elles n’oublieront jamais que l’esprit du Carmel étant un esprit d’oraison, de silence, de retraite, de mortification et d’abnégation continuelle, de fuite du monde, de détachement de soi-même et de toutes les choses de la terre, elles doivent, en qualité des filles du Carmel et de sainte Térèse, travailler à acquérir cet esprit en s’en rapprochant le plus possible, et à augmenter la gloire de Dieu dans le monde par l’exemple d’une vie toute sainte et remplie de la pratique des vertus évangéliques et de toutes les bonnes oeuvres.

Des prières et méditations

Les soeurs feront tous les jours une heure d’oraison; elle pourra se partager en deux temps, demi-heure le matin et demi-heure le soir. Le temps de la Messe peut être compris dans cette heure pour les personnes qui ne seraient pas libres de remplir toute la durée de cette oraison. La demi-heure du soir se composera du temps

consacré à un quart d’heure de lecture réfléchie, à la prière, à la méditation et à l’examen général. Autant que leurs occupations le permettront, les soeurs tâcheront de faire cet exercice du soir devant le trèssaint Sacrement.

A trois heures de l’après-midi, les soeurs suivront la pratique en usage au Carmel, d’adorer l’agonie de Notre-Seigneur, et si elles sont seules, elles se mettront à genoux et baiseront la terre.

Avant le dîner, elles feront l’examen particulier, et le soir l’examen général.

Puisque les filles de sainte Térèse, à l’exemple de leur sainte Mère, doivent être des filles d’oraison, les soeurs doivent s’appliquer de toutes leurs forces à ce saint exercice, et elles y feront un admirable progrès, si elles s’y préparent par le recueillement intérieur, et par une attention singulière à la présence de Dieu dans la journée.

De l’office

Les soeurs diront tous les jours l’office de la très-sainte Vierge, et celles qui ne savent pas lire, ou qui seraient empêchées par les devoirs de leur état de réciter cet office, diront, au lieu de l’office, le Chapelet.

Les soeurs se recueilleront un moment avant de commencer leur office, afin de diriger leurs intentions, de désavouer les distractions et de se pénétrer de la présence de Dieu. Elles diront leur office avec toute l’attention dont elles seront capables, en s’unissant à l’amour et à la ferveur des Anges et des Saints qui louent Dieu continuellement, se souvenant qu’en vain les lèvres prononcent des paroles si le coeur n’y prend part.

De la Messe

Tous les jours les soeurs entendront la sainte Messe. Les Dimanches et les Fêtes elles assisteront aux Offices, particulièrement à ceux de leurs Paroisses. Elles auront dans l’Eglise des places fixes. Elle s’y tiendront avec un grand recueillement et un profond respect, de manière à édifier les fidèles, et elles assisteront toujours au saint sacrifice de la Messe avec toute la dévotion qu’exige ce saint mystère.

De la Confession et de la Communion

Les soeurs se confesseront au moins deux fois par mois; elle feront connaître leurs confesseurs au Supérieur, et n’en pourront changer sans son consentement. Elles communieront tous les Dimanches et toutes les Fêtes de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge, celles des saints Anges, des Apôtres, toutes celles de l’Ordre, telles que Notre-Dame du Mont-Carmel, sainte Térèse, saint Joseph, saint Jean de la Croix, saint Élie, saint Élisée, saint Ange, saint Simon Stoch, sainte Marie-Madeleine de Pazzi, les jours anniversaires de leur prise d’habit et profession, et celui du renouvellement de leurs voeux.

La Règle ne prescrit que ces communions; mais elle n’empêche pas les soeurs de faire toutes celles que leurs confesseurs leur accorderaient de plus.

Les soeurs feront en sorte, par l’ardeur de leurs désirs et la pureté des dispositions qu’elles apporteront à la sainte Table, que chacune de leurs communions honore Jésus-Christ, augmente la grâce de Dieu en elles, et les fasse avancer dans le chemin de la perfection.

De l’abstinence et du jeûne

Les soeurs, autant que le leur permettra leur santé, observeront régulièrement les jeûnes et les abstinences ordonnés par l’Église, suivant les coutumes des lieux. De plus, elles jeûneront la veille de sainte Térèse, de Notre-Dame du Mont-Carmel, et la veille des jours de leur prise d’habit et profession, et du renouvellement de leurs voeux. Le Supérieur pourra les dispenser de ces jeûnes et abstinences, quand elles sont indisposées, ou pour de justes raisons.

La pénitence et la mortification étant indispensables, surtout pour des filles du Carmel, et les soeurs ne pouvant pratiquer les austérités qui y sont en usage, tâcheront de les remplacer par la mortification intérieure, par la pratique des bonnes oeuvres, et par la résignation dans les croix et les souffrances qu’il plaira à Dieu de leur envoyer.

Du travail manuel

Les soeurs feront toujours quelque travail ou ouvrage de leurs mains, afin que le malin esprit, les trouvant sans cesse occupées, ne prenne pas sujet de leur oisiveté pour les tenter et pour entrer dans leurs âmes; se souvenant des paroles de saint Paul, Que celui qui ne veut pas travailler ne doit point manger, et de l’arrêt prononcé contre le pécheur de manger son pain à la sueur de son front. Une vie oisive et inutile serait bien contraire à celle des filles du Carmel, qui doivent toujours être occupées. Le but de leur travail, si elles n’en ont pas besoin pour elles, pourrait être d’avoir des moyens de faire l’aumône à ceux qui sont dans le besoin.

Du silence

Le silence sera observé depuis l’examen du soir jusqu’à l’oraison du matin. Le long du jour, les soeurs garderont un silence de sagesse et de modération, qui consiste à ne parler qu’à propos, se souvenant des paroles de Notre-Seigneur dans l’Évangile: De toutes paroles oiseuses que les hommes auront dites, ils en rendront compte au jugement de Dieu; et de celles du Prophète : Votre force sera en silence et en espérance; celui qui use de beaucoup de paroles endommage son âme, parce que le silence contient éminemment toute justice et toute sainteté.

Les soeurs regarderont le silence comme un des moyens les plus efficaces pour éviter le péché, pratiquer la vertu, parvenir au recueillement intérieur, à l’union avec Dieu, et par là devenir de vraies filles du Carmel.

De l’habillement

Les soeurs du Tiers-Ordre, étant obligées de vivre dans le monde, peuvent se conformer extérieurement à la forme d’habit que l’on porte dans les lieux où elles demeurent; mais il leur est absolument recommandé de mettre la plus grande décence et la plus grande modestie, tant dans leur mise que dans tout leur extérieur, et il leur est interdit tout ornement extérieur mondain, comme inutile à des épouses de Jésus-Christ, qui ne doivent chercher qu’à lui plaire, et contraire à l’esprit du Carmel, dont rien n’est plus mortifié que l’habillement, sainte Térèse voulant qu’elle n’ait chose curieuse, mais tout mépris de soi.

Elles porteront à leur côté, dessous leurs habits, un chapelet, où sera attaché un Christ; elles mettront aussi une ceinture de cuir (largeur d’un pouce), et un petit Scapulaire (largeur et longueur de cinq pouces), qu’elles ne quitteront ni jour ni nuit, afin de n’être jamais sans l’habit de la sainte Vierge, et sans ce précieux gage de sa singulière protection.

Elles auront au doigt annulaire de la main droite, après leur profession, un anneau d’or ou d’argent sur lequel seront gravés leurs noms de baptême et celui de profession, et la date du jour où elle aura été faite, afin que cela leur serve d’un précieux souvenir de leur bonheur.

Elles auront un manteau blanc de laine et un grand scapulaire carmélite dont elles se serviront pour leurs cérémonies, avec un grand voile blanc pour les Novices, et noir pour les Professes.

La désappropriation étant le caractère de l’esprit religieux, ces habits de l’Ordre seront gardés et nommés comme des biens en commun dont les soeurs jouissent entre elles.

Des malades

Dès qu’une soeur tombera malade, elle en fera instruire la Surveillante de son quartier, afin qu’elle la visite, lui porte secours, avertisse le Supérieur, et la recommande aux prières des soeurs; et si elle est dans le cas d’être administrée, toutes celles du voisinage qui le pourront, se rendront chez elle pour adorer le saint Sacrement à sa réception, et prier pour la malade.

De la sépulture et des prières pour Les morts

Dès qu’une soeur sera décédée, on en avertira toutes les soeurs; et celles qui le pourront assisteront à son convoi, afin de prier pour elle. Et pendant neuf jours, à compter de celui de son décès, toutes les soeurs offriront pour le repos de son âme toutes leurs prières, toutes leurs bonnes oeuvres, toutes les souffrances qu’elles pourront endurer, diront le De profundis et le Languentibus in purgatorio, et feront deux communions pour elle dans la neuvaine. Deux fois l’année il sera fait un service pour les soeurs décédées.

NOTA. Dans tous les articles de cette règle, auxquels les soeurs ne sont pas tenues par les commandements de Dieu et par les ordonnances de l’Église, nous ne prétendons pas les obliger, sous peine d’aucun péché, même véniel; mais elles recevront humblement, efficacement, la pénitence qui leur sera donnée par le Supérîeur pour leurs trangressions volontaires; parce qu’elles les privent du mérite des grâces qu’elles auraient eues en observant les articles de cette Règle.

Des devoirs de la supérieure

La supérieure sera une aide pour le Supérieur, et le remplacera lorsqu’il sera malade ou lorsqu’il le jugera à propos.

Ses devoirs seront de donner aux autres l’exemple de toutes les vertus, d’édifier par sa régularité, sa piété et sa modestie, de maintenir de tout son pouvoir la règle du Tiers-Ordre, et de n’y permettre, de concert avec le Supérieur, aucun changement; de veiller attentivement si les soeurs en charge font leur devoir, et, dans un cas contraire, d’en avertir le Supérieur; de recevoir avec bonté et charité les soeurs qui s’adresseront à elle pour avoir ses avis et ses conseils; de leur donner de la consolation, lorsqu’elles la demanderont; si elle apprenait qu’il y eût du refroidissement ou de la division entre quelques soeurs, d’employer son zèle et ses lumières pour rétablir entre elles l’esprit de paix et d’union qui doit régner dans les coeurs de tous les Chrétiens, mais surtout dans celui des enfants de la très-sainte Vierge. Elle amènera les Novices devant l’autel, aux pieds du Supérieur, et elle les revêtira le jour de leur prise d’habit, et leur donnera le voile noir à leur profession. Elle tiendra la première place dans les assemblées.

De l’assistante

L’emploi de l’Assistante sera de remplacer la Supérieure lorsqu’elle sera malade, absente ou trop occupée. Alors ses devoirs seront les mêmes. Elle sera la maîtresse générale des cérémonies de l’Ordre; elle en instruira parfaitement les Surveillantes, afin qu’elles puissent y exercer les personnes dont elles sont chargées.

Elle amènera et placera dans le choeur les Postulantes et les Novices le jour de leurs cérémonies de prise d’habit et profession, et y assistera la Supérieure. Elle tiendra la seconde place dans les assemblées.

Des surveillantes

Le Supérieur partagera à chaque Surveillante le quartier dont elle doit prendre soin. Elle n’aura juridiction que dans ce quartier. Il ne lui sera pas permis de se mêler de celui d’une autre, à moins que le Supérieur ne lui en ordonne autrement; et s’il y avait des quartiers qui manquassent de Surveillantes, la Supérieure ou l’Assistante en tiendraient lieu jusqu’à ce qu’on pût en nommer une.

Les devoirs de la Surveillante seront de s’informer exactement des sujets de son quartier qui se présentent pour entrer dans l’Ordre, de leur état, de leur genre de vie, de leur dévotion, du caractère de leur esprit, et d’en rendre un compte exact au Supérieur; de veiller sur les Postulantes et les Novices, pour voir si elles sont exactes aux devoirs de leur état, pieuses, modestes, assidues aux offices, et dignes d’être reçues dans l’Ordre; de les interroger, examiner sur leur vocation; de leur donner la règle à lire, de la leur expliquer, de leur rerecommander et imprimer une grande dévotion à la sainte Vierge, et l’esprit intérieur de l’Ordre; de leur apprendre les cérémonies de la prise d’habit et profession, de leur procurer les habits de l’Ordre et tout ce qui en dépend; d’avoir le nom et la demeure des soeurs professes de son quartier, afin de leur rendre visite, et s’exhorter réciproquement à l’esprit intérieur de la Règle, à la ferveur, à la piété, à la modestie; de les avertir charitablement de leurs défauts et manquements, de visiter celles qui seraient malades, afin de leur porter de la consolation, de pourvoir à leurs besoins, de les exhorter à soutenir avec patience l’épreuve que Dieu fait dé leur soumission et de leur fidélité; et si la maladie continuait, d’en avertir le Supérieur; et si elle devenait dangereuse, d’exnorter la malade à recevoir les Sacrements, de préparer tout ce qu’il faut à cet effet, d’en avertir les soeurs du voisinage, afin qu’elles assistent au saint Viatique et qu’elles prient pour la malade, de l’assister ou faire assister dans son agonie, afin de lui procurer l’indulgence in articulo mortis, en lui faisant prononcer les saints noms de Jésus et de Marie; et si elle vient à décéder, de le faire savoir à la Secrétaire, afin qu’elle en instruise toutes les soeurs, pour qu’elle ait les suffrages de l’Ordre.

Si une Surveillante se trouvait trop chargée d’occupations et hors d’état de les remplir, elle pourrait, avec la permission du Supérieur, se nommer une aide, mais laquelle n’aura pas pour cela de voix au conseil.

Les Surveillantes seront tenues d’avertir le Supérieur des fautes notables qu’elles auront reconnues dans les soeurs de l’Ordre, afin qu’il les en avertisse; mais il ne leur sera jamais permis de s’en entretenir entre elles, ni même avec les autres Surveilantes; et lorsqu’elles seront chargées par le Supérieur de quelque information à ce sujet, elles en garderont un secret inviolable.

Lorsqu’une Surveillante ne sera plus en charge, elle n’aura plus de voix au Conseil.

De la secrétaire

La Secrétaire tiendra le registre de l’Ordre, dans lequel seront écrits les arrêtés pris dans le Conseil, ainsi que les articles qui touchent la fraternité du lien, desquels la mémoire doit être conservée, comme sont les réceptions et les professions, le jour du décès et de la sépulture des défuntes, les beaux exemples de toutes les vertus qui auraient paru en elles; les changements de Supérieurs, de Supérieures, d’Assistantes, de Secrétaires et de Surveillantes, les fonds remis à l’Ordre pour des oeuvres de charité, l’emploi que l’on en aura fait, et enfin tout ce qui concerne et qui peut intéresser l’Ordre.

NOTA. Les soeurs en charge seront extrêmement unies entre elles, afin de s’animer réciproquement à la pratique de la vertu, à la ferveur, à l’esprit intérieur de l’Ordre et à l’exactitude aux devoirs de leurs charges. Elles s’avertiront l’une l’autre charitablement de leurs défauts et manquements, s’assisteront mutuellement dans leurs peines, maladies, infirmités, et enfin dans tous leurs besoins spirituels et corporels.


  1. Les soeurs, qui en seraient jugées dignes par leur confesseur pourront faire des voeux perpétuels. ↩︎

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