Foi catholique traditionnelle
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Lettre de saint Pierre d'Alcantara à sainte Térèse d'Avila au sujet des rentes de son Monastère

Source : De Favuel 1670, pp. 88-93.

Sainte Térèse ayant consulté notre Saint [St Pierre d’Alcantara], si elle prendrait des rentes en ses Monastères, il lui fit une réponse admirable écrite d’Avila le 14 avril 1562, qui fait bien connaître, qu’il possédait uniquement la vertu de pauvreté, et que son esprit n’était attaché qu’aux richesses du Ciel : mais il faut voir tout au long la Lettre qu’il lui écrivit sur ce pieux sujet, pour en juger dignement.

“Le Saint Esprit vous donne sa grâce et son amour. J’ai reçu votre lettre, qui m’a été rendue par Monsieur Gonzale d’Arande : j’ai été étonné d’apprendre, que votre zèle, et votre piété mette au jugement des hommes savants, ce qui n’est pas de leur faculté ; s’il s’agissait d’un point de droit ou d’un cas de conscience, je crois qu’il serait bon de prendre conseil des jurisconsultes, et des théologiens : mais lorsqu’il est question de résoudre sur ce qui regarde la perfection de la vie, il n’y a que ceux qui y sont avancés, et qui la pratiquent, qui aient la capacité de donner sur ce sujet des conseils salutaires ; parce que d’ordinaire il n’y a que ceux qui font parfaitement le bien, qui puissent en faire part à ceux qui veulent comme eux entrer dans la perfection, et dans le chemin de l’Évangile.

Il ne faut point demander s’il est bon de les suivre ou non, et si l’on les peut observer, ce serait une espèce d’infidélité ; et les Conseils de Dieu seront toujours infailliblement bons. Il n’y a que les incrédules, ou ceux qui n’ont pas confiance en Dieu, ou qui se gouvernent seulement par la prudence humaine, qui les peuvent trouver difficiles ; parce que si sa divine Providence donne le conseil, elle donnera bien le moyen de l’accomplir.

Si votre zèle et votre ferveur vous portent à suivre les Conseils de Jésus-Christ, observés-les avec la plus grande perfection qui vous sera possible ; puisqu’ils ont été donnés également aux hommes et aux femmes, et vous en aurez le même mérite, et la même récompense qu’ont remporté ceux qui les ont observés. Si vous désirez suivre l’avis des savants, et qui n’ont point l’esprit de Dieu, cherchez de grands revenus, s’ils peuvent vous en faire trouver ; mais sans doute, il est beaucoup plus excellent de n’en point avoir pour suivre les pensées de notre Sauveur.

S’il se voit de la pauvreté dans les Monastères des filles ; c’est parce qu’elles sont pauvres contre leur volonté, et non pas pour avoir suivi les conseils évangéliques : c’est pourquoi, je ne loue pas simplement l’indigence ; mais j’estime ceux qui la souffrent avec patience pour l’amour de Dieu : et encore davantage, celle que l’on désire, que l’on recherche, et que l’on embrasse, pour le même amour.

Si je croyais autre chose déterminément, je ne me tiendrais pas assuré en la foi ; mais je suis persuadé entièrement de ces vérités, que Jésus-Christ nous a enseignées, et qu’elles sont excellentes ; car que peut-il venir de Dieu qui ne soit parfait ? Et quoique ses Conseils n’obligent point à péché, toutefois ils conduisent l’homme à une plus grande perfection, et le porte à y aspirer toujours, et à y parvenir ; je tiens pour bienheureux, comme dit Jésus-Christ, les pauvres d’esprit, c’est-à-dire qui le font de volonté, et je l’ai moi-même éprouvé : mais je crois encore plus à la parole de Dieu qu’à mon expérience, et je sais bien, que ceux qui de tout leur coeur ont embrassé la pauvreté, vivent par la grâce du Seigneur, d’une vie tout à fait heureuse, se confiant, et espérant entièrement en Lui.

Je prie Dieu qu’il vous donne les lumières pour entendre ; et pour pratiquer ces vérités : il ne faut point croire ceux qui diront le contraire faute de lumière, ou par incrédulité, ou pour n’avoir pas goûté combien le Seigneur est doux et aimable à ceux qui le craignent, qui l’aiment, et qui renoncent pour son amour à toutes les choses du monde ; lesquelles ne sont point nécessaires à une âme qui se contente de Dieu, et qui ne veut posséder que Lui ; parce qu’ils sont ennemis de la Croix de Jésus-Christ, et ne connaissent pas la gloire de ceux qui l’ont portée, et les avantages qui l’accompagnent, car encore que les autres se sauvent communément, s’ils gardent ce qu’ils doivent avec fidélité, ils n’ont pas plus de lumière qu’il en faut, pour faire ce qu’ils font : le Conseil de Jésus-Christ est toujours plus Saint que celui des hommes, il sait ce qu’il conseille, il donne la grâce pour l’accomplir, et récompense parfaitement bien, ceux qui se confient en lui, plutôt qu’aux biens de la terre.”

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