Pauvreté
“1. L’on doit vivre d’aumône sans aucun revenu en les couvents qui seront dans les villes riches et abondantes, où cela se pourra porter : et aux lieux où elles ne se pourront pas nourrir des aumônes seules, elles pourront avoir du revenu en commun : mais en tout le reste il n’y doit avoir aucun différence entre les monastères rentés et ceux qui sont pauvres.” 1
“2. Et tant qu’elles pourront supporter, qu’elles ne demandent point : la nécessité qui les contraindra à demander doit être grande, et faut qu’elle s’aident du travail de leurs mains comme faisait saint Paul : et Notre-Seigneur leur pourvoira de ce qui sera nécessaire. Pourvu qu’elles ne désirent rien davantage et qu’elles se passent volontiers de ce qui est superflu, ce qu’il faut pour vivre ne leur manquera pas. Si elles essaient de toutes leurs forces à contenter Notre-Seigneur, sa Divine majesté aura soin que le prix du labeur de leurs mains ne leur manque.” 2
“3. Que les soeurs ne possèdent en sorte que ce soit, chose en particulier, et qu’on ne leur souffre point, ni pour le manger ni pour le vêtir, et qu’elles n’aient ni coffre ni cassette, ni armoire, si ce ne sont celle qui ont les offices de la communauté, ni aucune autre chose en particulier : mais que tout soit commun. Ceci importe grandement pour ce qu’en petites choses le diable peut aller relâchant la perfection de la pauvreté. Pour cela il faut que la prieure ai grand soin, quand elle verra quelqu’une des soeurs affectionnée à quelque chose, soit livre, soit cellule ou autre chose, de lui oter, et que cela s’observe en tous les monastères, soit qu’ils soient rentés ou non, et que l’on y apporte beaucoup de rigueur. Que la supérieure l’accomplisse et ne permette qu’il y soit contrevenu, et que les supérieurs la châtient fort rigoureusement s’il y est contrevenu.” 3