Foi catholique traditionnelle
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Humilité

“De même, concernant l’humilité que la Règle recommande au prieur et à tous les religieux, nous défendons que désormais, sous aucun prétexte d’exemption ou de privilège, nul gradué, présenté ou maître, soit dispensé du choeur, du réfectoire et autres obligations imposées par la Règle;

et nous ordonnons que tous indistinctement soient mis sur la table des offices, et qu’aucun maître ou supérieur ne soit exempt de balayer, de laver la vaisselle et autres actes d’humilité de ce genre.

On n’appellera aucun religieux Votre Grâce, Monsieur, Don, Maître, Votre Paternité. On dira aux prêtres seuls Votre Révérence, et aux autres frères Votre Charité. Aucun supérieur ne se servira, parlant à ses inférieurs, des expressions vous, toi, ni d’aucune autre indiquant qu’il est au-dessus d’eux par sa charge.

Cette dernière prescription était nécessaire alors pour établir une égalité parfaite entre les gradués, présentés ou maîtres, qui passaient de l’Observance à la Réforme et les autres religieux, et pour que les rapports mutuels fussent empreints d’un esprit d’humilité et de charité, sans autre distinction que celle que la discrétion et le bon gouvernement exigent.

Ces statuts ne faisaient au fond, comme nous l’avons dit, que reproduire, soit l’observance introduite à Durvélo par nos deux premiers Pères Jean de la Croix et Antoine de Jésus, soit les constitutions générales de l’Ordre.

Or n’en eussions-nous point d’autre preuve, ils suffiraient à eux seuls pour ne nous laisser aucun doute sur l’éminente perfection de nos premiers religieux. Car de même que c’est surtout par les traits du visage que l’homme se distingue et qu’on peut le reconnaître, de même des lois sages et saintes fidèlement observées sont le signe le plus certain de la régularité d’une famille religieuse.

Et comme ensuite rien n’indique mieux la générosité d’une âme que le zèle à faire plus qu’on n’est obligé, ainsi la ferveur de l’esprit ne se montre jamais d’une manière plus évidente que lorsque, non content d’accomplir ce qui est prescrit par la Règle, on y ajoute des oeuvres de surérogation. Que si maintenant ces pratiques sont constituées en loi fixe et irrévocable et imposées à tout l’institut, l’admiration et l’estime s’accroissent, la difficulté devenant plus grande.

Du moment donc que ces constitutions renferment une foule d’oeuvres de surérogation d’une extrême rigueur et qu’on n’avait jamais connues dans l’Ordre depuis que saint Albert lui avait donné sa Règlw, on peut dès lors juger combien la famille de sainte Thérèse a surpassé en perfection ceux qui l’ont précédée.

Mais ce qui frappe encore davantage quiconque y réfléchit, c’est que cette Réforme, bien loin de rien retrancher de ce qu’il y avait de pénible et de crucifiant pour la nature dans ces premières constitutions, y a au contraire ajouté beaucoup de choses qui les rendent encore plus rigoureuses, cela dans le but d’en conserver plus intact l’esprit primitif.

Pour s’en convaincre, il suffira de lire avec attention celles qui nous régissent actuellement. On y verra, en effet, que les changements qui y ont été opérés sont, non point des suppressions que l’on ait faites, mais des additions qui tendent à rendre la discipline encore plus rigide, ou des modifications nécessaires pour mieux assurer l’observation des règles.

Au reste, ce genre d’étude n’entrant point dans le rôle de l’historien, je laisse à celui qui éprouverait le désir de se renseigner à cet égard le soin de faire ce travail de confrontation.” 1


  1. Marie-René 1896, t. 3, pp. 303-304. ↩︎

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