Vaincre les scrupules
Ecclésiastique 34:9-11 : “Celui qui n’a point été tenté, que sait-il? Un homme expérimenté en beaucoup de choses en pensera beaucoup, et celui qui a beaucoup appris parlera avec intelligence.
Celui qui n’est pas expérimenté connait peut de choses; mais celui qui s’est trouvé dans beaucoup d’affaires multiplie la malice.
Celui qui n’a point été tenté, quelles choses sait-il ? mais celui qui a été trompé abondera en méchanceté.” 1
Saint Alphonse de Liguori, Théologie morale : “… quand les pénitents sont d’une conscience timorée, tant qu’ils ne sont pas sûrs d’avoir consenti au péché mortel, ils doivent regarder comme certain qu’ils ne l’ont pas commis; car, dit le P. Alvarez, le péché mortel est un monstre si horrible, qu’il ne peut entrer dans une âme qui aime Dieu, sans se faire évidemment connaître.” 2
Saint Alphonse de Liguori : “Le scrupule n’est qu’une vaine crainte de pêcher, née de fausses appréhensions sans fondement. Ces scrupules sont utiles dans les premiers temps de notre conversion , car une âme sortie depuis peu du péché a besoin de se purifier souvent ; or, c’est là l’effet des scrupules. Ils la rendent humble…
Saint François de Sales a dit : La crainte qui engendre des scrupules chez ceux qui viennent de sortir du péché, est le présage d’une consience pure. Les scrupules, au contraire, sont nuisibles dans celui qui tend à la perfection, et qui s’est donné à Dieu depuis longtemps.” 3
Saint Léonard de Port-Maurice : “… par péché de pensée on n’entend point toute pensée mauvaise qui se présente à l’esprit, car si s’en est présenté, ou il peut s’en présenter à l’esprit des plus grands saints; mais on entend pensée coupable à laquelle vous adhérez volontairement.
Cela peut arriver de deux manières : la première, c’est quand la volonté désire efficacement d’en venir à l’exécution et de réaliser cette pensée; ce consentement de la volonté se nomme péché de désir.
L’autre, c’est quand la volonté ne désire pas véritablement aller jusqu’à faire le mal, mais s’entretient néanmoins de propos délibéré dans la représentation de l’objet criminel, et y prend plaisir; cette complaisance de la volonté se nomme péché de délectation.” 4
Saint Léonard de Port-Maurice : “- … je crains, à cause que cette pensée importune s’arrête quelque temps dans mon esprit. - Vous craignez ? Bien ! quand une mouche en été bourdonne autour de vos oreilles, vous la chassez n’est-ce pas ? Si l’impertinence revient, vous la chassez de nouveau; est-ce que, parce qu’elle s’arrête un instant sur votre front, vous y prenez plaisir ? - Non. - Votre crainte vient donc de scrupules; vous êtes un scrupuleux bel et bon. Et bien ! finissez-en. Voici un puissant motif de consolation : cette crainte même que vous éprouvez est un indice plus que suffisant que vous ne consentez pas; car si la volonté redoute un mal, c’est bien signe qu’elle n’en veut pas; tranquilisez-vous donc et ne me répondez plus.” 5
Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote : “Mais quant à la délectation qui peut suivre la tentation, pour autant que nous avons deux parties en notre âme, l’une inférieure, et l’autre supérieure, et que l’inférieure ne suit pas toujours la supérieure, ainsi fait son cas à part, il arrive maintes fois que la partie inférieure se plaît en la tentation sans le consentement, ains contre le gré de la supérieure : c’est la dispute et la guerre que l’apôtre S. Paul décrit, quand il dit que sa chair convoite contre sont esprit, qu’il y a une loi des membres, et une loi de l’esprit, et semblables choses…
… quoique tout soit en trouble en notre âme et en notre corps, nous avons la résolution de ne point consentir au péché, ni à la tentation, et que la délectation, qui plaît à notre homme extérieur, déplaît à l’intérieur; et quoi qu’elle soit tout autour de notre volonté, si n’est-elle pas dans icelle : en quoi l’on voit que telle délectation est involontaire, et étant telle ne peut être péché.” [^st-francois]
Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote : “On est quelque fois surpris de quelque chatouillement de délectation qui suit immédiatement la tentation, devant que bonnement on s’en soit pris garde; et cela ne peut être pour le plus qu’un bien léger péché véniel, lequel se rend plus grand, si, après que l’on s’est aperçu du mal où l’on est, on demeure par négligence quelque temps à marchander avec la délectation, l’on doit l’accepter ou la refuser; et encore plus grand, si, en s’en appercevant, on demeure en icelle quelque temps par vraie négligence, sans nulle sorte de propos de la rejetter : mais lorsque, volontairement et de propos délibéré, nous sommes résolus de nous plaire en telles délectations, ce propos même délibéré est un grand péché, si l’object pour lequel nous avons délectation est notablement mauvais. C’est un grand vice à une femme de vouloir entretenir des mauvaises amours, quoi qu’elle ne veuille jamais s’adonner réellement à l’amoureux.” [^st-francois-2]
Sainte Thérèse de Lisieux, Histoire d’un âme : “L’année qui suivit ma première Communion se passa presque tout entière sans épreuves intérieures pour mon âme, ce fut pendant ma retraite de seconde Communion que je me vis assaillie par la terrible maladie des scrupules… Il faut avoir passé par ce martyre pour le bien comprendre : dire ce que j’ai souffert pendant un an et demi, me serait impossible… Toutes mes pensées et mes actions les plus simples devenaient pour moi un sujet de trouble ; je n’avais de repos qu’en les disant à Marie, ce qui me coûtait beaucoup, car je me croyais obligée de lui dire les pensées extravagantes que j’avais d’elle-même. Aussitôt que mon fardeau était déposé, je goûtais un instant de paix, mais cette paix passait comme un éclair et bientôt mon martyre recommençait. Quelle patience n’a-t-il pas fallu à ma chère Marie, pour m’écouter sans jamais témoigner d’ennui ! 6