Bulle Sabbatine du Pape Jean XXII
Pape Jean XXII, Sacratissimo uti culmine (Bulle Sabbatine), 1322 : " Jean, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à tous et à chacun des fidèles, tant présent que futurs, qui verront ces Lettres, salut et bénédiction apostolique.
De même que sur le saint sommet du Paradis, on entend l’harmonie si douce et si suave des Anges dans le chant de la vision, quand on y contemple Jésus uni à la Divinité paternelle selon ces paroles : Seigneur, moi et le Père nous sommes un et qui me voit, voit aussi mon Père; et que le choeur des Anges ne finit pas de chanter : Saint, Saint, Saint; ainsi l’assemblée (céleste) ne cesse d’adresser des louanges à la sublime Vierge, en s’écriant : Vierge, Vierge, Vierge, sois notre miroir et aussi notre modèle. Elle est, en effet, munie du don des grâces, ainsi que le chante la sainte Eglise: Marie, pleine de grâce, et Mère de misericorde. C’est par là que se recommanda la montagne de l’Ordre du Carmel, en exaltant par des hymnes et en prônant cette Mère de grâces, et en disant: Salut, Reine, Mère de miséricorde et notre espoir.
Priant ainsi à genoux, la Vierge m’apparut en Carmélite, proférant le discours suivant :
Jean ! Jean ! Vicaire de mon Fils bien-aimé, de même que je ne te délivrerai de ton adversaire, que par une faveur éclatante je te fais Pape et Vicaire, faveur que j’ai gracieusement obtenue de mon très-doux Fils, l’interpellant à l’aide de mes supplications, de même tu dois auparavant accorder une grâce et une ample confirmation à mon saint et dévoué Ordre des Carmes, commencé au Mont-Carmel par Elie et Elisée.
Comme Vicaire de mon fils, ce qu’il a statué et réglé dans les Cieux, tu dois le confirmer sur la terre; que quiconque, faisant profession, observera et gardera inviolablement la Régle, dressée par mon serviteur Albert, Patriarche, et approuvée par mon cher fils Innocent, et qui aura persévéré dans la sainte obéissance, la pauvreté et la chasteté, ou qui entrera dans le saint Ordre, sera sauvé : et si d’autres, par motif de dévotion, entrent dans la sainte Religion, portant le signe du saint habit, s’appelant frères et soeurs du susdit Ordre, qu’à commencer du jour qu’ils entreront dans cet Ordre ils sont délivrés et absous de la troisième partie de leurs péchés, si dans la viduité ils promettent la continence; si dans le célibat ils gardent la chasteté virginale; si dans le mariage ils conservent inviolablement la fidélité conjugale, comme le prescrit la sainte Mère l’Eglise.
Que les frères profès du dit Ordre sont absous de la peine et de la coulpe, et à commencer du jour qu’ils sortent de ce monde et s’empressent, à pas précipités vers le Purgatoire, moi leur mère j’y descendrai gracieusement le samedi après leur décès, et je délivrerai tous ceux que je trouverai dans le Purgatoire, et je les ramènerai sur la sainte montagne de la vie éternelle.
Il est vrai que ces frères et soeurs sont tenus de réciter de la manière convenable, les Heures canoniales, selon la Règle donnée par Albert; que ceux qui ne le savent pas, doivent jeûner aux jours que prescrit la sainte Eglise, à moins qu’ils en soient empêchés par quelque nécessitė; qu’ils doivent s’abstenir de viande le mercredi et le samedi, excepté à la Nativité de mon Fils.
J’accepte donc cette Indulgence, je la ratifie et je la confirmesur la terre, comme Jésus-Christ l’a gracieusement accordée dans les Cieux, à cause des mérites de la Très-Sainte Vierge Marie. Qu’il ne soit donc permis à personne d’annuller cet écrit, qui contient notre présente Indulgence, ce statut et règlement, ou d’y contrevenir par une téméraire hardiesse. Si quelqu’un a cette coupable présomption, qu’il sache qu’il encourra l’indignation de Dieu tout-puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.
Donné à Avignon, le troisième jour de mars, la sixième année de notre pontificat (1322)." 1
Monbrun 1869, pp. 203-206. ↩︎