Jugement téméraire
Saint Alphone de Liguori : “Le jugement téméraire est péché mortel, quand, sans un fondement suffisant, on juge que le prochain a commis une faute grave; de sorte que ces jugements sont rarement mortels, parce qu’ordinairement on croit que le fondement est suffisant, ou qu’on ne forme pas des jugements absolus, mais seulement des soupçons qui, (quoique téméraires), ne sont ordinairement pas mortels, à moins qu’il ne s’agit d’énormités, comme d’hérésies, de parricides, etc.” 1
Abbé Vittrant, Théologie morale, 1941 : “Le jugement téméraire consiste à affirmer comme vrai un défaut attribué au prochain, bien que l’on n’ait pas à ce sujet de motif assez fort pour déterminer l’assentiment ferme d’un homme prudent.” 2
Cours d’instruction religieuse : “Le jugement téméraire est un acte par lequel notre esprit, sur des indices légers et insuffisants, condamne le prochain comme certainement vicieux ou coupable…
Le soupçon téméraire est le penchant à croire vrai le mal qu’on pense d’autrui, sans toutefois le considérer comme certain….
Le doute téméraire est la suspension du jugement sur le mérite du prochain, sans raisons suffisantes…
Le jugement téméraire est, de sa nature, un péché mortel contre la justice, lorsqu’on pense mal du prochain en matière grave.” 3
Cours d’instruction religieuse : “Que faut-il pour que le jugement téméraire soit un péché mortel ? Il faut :
(1) Qu’il soit absolu, autrement ce ne serait qu’un doute ou un soupçon.
(2) Qu’il soit pleinement délibéré et volontaire. S’il y avait défaut d’advertance, soit sur la malice du jugement, soit sur l’insuffisance des indices, le péché ne serait que véniel.
(3) Qu’il soit en matière grave, au sujet d’une personne déterminée et connue. Le péché ne serait que véniel, si la matière était légère, ou que la personne qu’on juge fût indéterminée entre plusieurs, par exemple, dans une réunion, dans une communauté.
(4) Qu’il s’appuie sur des indices vraiment légers et insuffisants. Si les indices étaient presque suffisants, le péché ne serait pas grave; et il n’y aurait pas péché de jugement téméraire, si le jugement était fondé sur l’évidence.” 4
Cours d’instruction religieuse : “Le soupçon et le doute téméraires sont-ils des péchés graves ? Il ne sont de leur nature que péchés véniels, parce qu’ils ne font que diminuer ou rendre douteuse la réputation du prochain. Mais ils peuvent être mortels, soit à cause de la malveillance qui les inspire, soit à cause de la condition des personnes qui en sont l’objet.” 5