Foi catholique traditionnelle
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Conciles

Abbé Guérin, définitions, 1868 : “Les Conciles sont les assemblées légitimes des évêques et autres ministres de l’Eglise, convoquées par celui qui a droit d’y présider, ou de son consentement, pour délibérer sur les affaires ecclésiastiques qui concernent la foi, les moeurs ou la discipline.

Les assemblées des hérétiques concernant la religion, s’appellent conciliabules, convertiicules. On ne donne pas un autre nom aux assemblées, même des évêques catholiques, touchant la foi, les moeurs ou la discipline, lorsqu’elles sont illégitimes par quelque défaut que ce soit…

Le Concile général est celui auquel sont convoqués par le Pape ou de son consentement tous les évêques du monde chrétien, et qui se tient sous la présidence du pape ou de ses délégués. On le nomme aussi universel, oecuménique… mais il faut observer que quoiqu’à s’en tenir à la force grammaticale des termes, général, universel, oecuménique, ne soient qu’une même chose, néanmoins le terme d’oecuménique qui dit quelque chose de plus que général, a été consacré par l’usage, pour signifier un Concile général, légitime. Un concile peut donc être général sans qu’il soit légitime.

Pour qu’il soit général, il suffit que tous les évêques du monde chrétien y aient été appelés, et qu’aucun d’eux n’en ait été exclu, s’il n’était hérétique ou excommunié. Pour qu’il soit légitime et vraiment oecuménique, il faut de plus que tout s’y soit passé dans les règles : il peut donc y avoir des Conciles qui soient généraux dans leur convocation et qui ne le soient pas dans la célébration…

Le Concile particulier est celui auquel on n’appelle pas tous les évêques du monde chrétien, mais seulement ceux d’une nation, et alors c’est un Concile national, ou ceux d’un patriarcat et c’est un Concile patriarcal, ou ceux d’une primatie et c’est un Concile primatial, ou ceux d’une province et c’est un Concile provincial, ou enfin le seul évêque d’un diocèse avec son clergé et c’est un Concile ou plutôt un synode diocésain.

Il y a des Conciles qui sont plus que nationaux, sans être généraux : tels sont ceux que les Papes assemblaient autrefois, de tout l’Occident, dans les grandes contestations qui intéressaient toute l’Eglise, avant d’envoyer aux Orientaux leurs sentiments sur les matières sur lesquelles ils avaient été consultés…

Les Papes tenaient encore autrefois à Rome des Conciles, qui n’étaient ni provinciaux ni diocésains, mais qui renfermaient une espèce de mélange des uns et des autres : tels étaient les Conciles composés des évêques qui se trouvaient à Rome, des ecclésiastiques de Rome, ou des autres diocèses, qui étaient actuellement dans cette ville, et même des laïques distingués par leurs charges, ou par leur piété et leur érudition…

Les Papes assemblaient encore à Rome, chaque année, tous les évêques d’Italie et de Sicile. Dans la suite, il n’y eut que trois évêques de chacun de ces royaumes, obligés de s’y rendre.

Enfin il y a des Conciles qui sont appelés universels, pléniers, non pas absolument, comme l’observe le Père Alexandre, mais avec restriction, tels que les Conciles d’une nation, ou d’un royaume tout entier…

Il y a encore des Conciles qui sont appelés généraux, parce qu’ils ont été approuvés par les Papes et par les évêques d’Occident, quoiqu’ils n’aient été composés que des évêques de l’Orient.” 1

Abbé Guérin, de l’objet de l’infaillibilité des Conciles généraux, 1868 : “Nous entendons, par l’objet de l’infaillibilité des Conciles généraux, les choses mêmes sur lesquelles ils ont droit de prononcer infailliblement; et ces choses sont les questions ou les matières concernant la foi, les moeurs et la discipline.

Les Conciles généraux sont infaillibles sur tous ces points, par cette raison péremptoire qu’ils ne peuvent représenter l’Eglise tout entière, sans jouir de toute son infaillibilité, et que l’Eglise est infaillible en ces trois points, c’est-à-dire que l’Eglise ne peut proposer à ses enfants qu’une foi saine et conforme à la vérité; des moeurs pures et conformes à la sainteté ; une discipline et une conduite extérieure analogue à la foi, aux bonnes moeurs et à la loi de Dieu; puisque, si l’Eglise pouvait errer en ces trois points, ou en quelqu’un d’eux, elle n’aurait point reçu de Jésus-Christ tout ce qui est nécessaire au salut des fidèles; qu’elle pourrait les égarer et les perdre par son enseignement, au lieu de les sauver et de les conduire sûre ment dans la voie du salut, de la justice et de la vérité; qu’elle ne serait plus conséquemment ni la base et la colonne de la vérité, ni la règle de la sainteté, des bonnes moeurs et de la bonne conduite.

Pour les autres points non nécessaires au salut des fidèles, les Conciles généraux, non plus que l’Eglise qu’ils représentent, ne jouissent pas du don de l’infaillibilité : il n’était pas nécessaire que l’Eglise eût ce pouvoir, par la raison même qu’il importe peu de fixer infailliblement l’esprit des hommes sur des points dans lesquels ils peuvent être divisés et penser diffé remment, sans préjudice de leur salut, qui est tout le but que Jésus-Christ s’est proposé en formant son Eglise, et que l’Eglise se propose elle-même en dressant ses décrets d’après les intentions de son divin Fondateur.

Parmi les points non nécessaires au salut, à l’égard desquels les Conciles généraux peuvent errer, on compte les questions purement philosophiques, les questions purement scholastiques, les questions de droit humain seulement, les faits non révélés, et généralement tout ce qui n’est contenu ni dans l’Ecriture, ni dans la Tradition…

Le Concile oecuménique, comme nous l’avons déjà dit, n’est infaillible qu’avec le Pape, à qui il appartient de confirmer les décrets du Concile; mais le Pape est infaillible sans le Concile.” 2

Abbé Guérin, des conditions nécessaires aux Conciles oecuméniques, 1868 : “II s’agit ici des conditions essentiellement requises pour qu’un Concile soit vraiment oecuménique et infaillible dans ses décisions, en sorte qu’on ne puisse lui refuser l’obéissance, et conserver le titre d’enfant et la communion de l’Eglise.

Ces conditions regardent ou la convocation, ou la célébration, ou l’événement du Concile, ou sa confirmation par le Pape.

Pour qu’un Concile soit oecuménique dans sa convocation, il faut que tous les évêques du monde chrétien y soient appelés, comme étant tous juges de la foi, de droit divin, et qu’aucun n’en soit exclu, s’il n’est hérétique ou excommunié.

Afin qu’un Concile soit oecuménique dans sa célébration, il n’est pas nécessaire que tous les évêques du monde s’y trouvent effectivement; il suffit qu’il y en ait un nombre compétent pour représenter l’Eglise universelle, au jugement des hommes sages et prudents : on ne peut définir au juste, et avec une entière précision, combien il doit y en avoir pour former cette assemblée représentative de l’universalité de l’Eglise. Ce qui doit passer pour certain, c’est qu’il faut qu’il y ait au moins assez d’évêques des différentes provinces de la chrétienté, pour porter au Concile le suffrage et la doctrine des évêques des autres provinces; ce qui peut très-bien se faire par le moyen des conférences ou des Conciles particuliers, quoique le nombre des évêques présents au Concile général soit beaucoup moindre que celui des absents.

Il faut, en troisième lieu, pour l’événement d’un Concile oecuménique, qu’on y examine les questions avec un grand soin, et qu’on les décide avec une entière liberté des suffrages. L’examen sérieux des questions est absolument nécessaire, parce que les évêques ne sont pas extraordinairement inspirés de Dieu pour les juger, et qu’ils ne reçoivent pas de nouvelles révélations. Toutes les vérités révélées sont contenues dans l’Ecriture et dans la tradition. Il faut donc les trouver dans ces deux sources; et, pour les y trouver, il faut les y chercher par la voie de l’étude, de la discussion, de l’examen, qui sont les moyens humains que Dieu veut qu’on emploie pour découvrir la vérité, sans s’attendre à des secours extraordinaires qu’il n’a point promis. Ce n’est qu’autant que les évêques sont attentifs à prendre ces moyens ordinaires, qu’ils peuvent s’assurer de l’assistance du Saint-Esprit pour ne point errer dans leurs jugements. Aussi voyons-nous que les Conciles généraux ont toujours procédé par la voie de l’examën pour parvenir à la connaissance de la vérité.

La liberté n’est pas moins nécessaire que l’examen pour l’oecuménicité d’un Concile. La raison est qu’un Concile n’est oecuménique que quand il représente l’Eglise universelle; qu’il ne représente l’Eglise universelle que quand il parle en son nom, qu’il agit par son esprit, qu’il suit ses lois, qu’il expose ses sentiments, et qu’il ne peut rien faire de tout cela quand il est forcé et violenté, parce que la violence qu’il éprouve l’empêche ou de connaître la vérité, ou de la dire, s’il la connaît; Jésus-Christ n’ayant point promis aux évêques assemblés de les rendre impeccables, en les élevant au-dessus des passions qui peuvent empêcher les juges de faire leur devoir…

Mais comment connaîtra-t-on si les Conciles ont suffisamment examiné les questions, et s’ils ont été libres dans leurs jugements ? Bellarmin répond qu’on ne les connaît que par une certitude, humaine à la vérité, mais indubitable cependant, et comparable à l’évidence naturelle. C’est ainsi que l’on connaît tous les faits historiques généralement reçus, et que nul homme de bon sens ne s’avise de révoquer en doute. Lors donc qu’un Concile, général dans sa convocation, a été accepté par l’Eglise, loin d’avoir éprouvé de sa part aucune réclamation, c’est une marque certaine qu’il est oecuménique, non que cette acceptation lui donne sa force et son autorité, puisqu’il était infaillible par lui-même, mais parce qu’elle sert à prouver que tout s’y est passé dans les règles, et à constater, par conséquent, son oecuménicité.

Mais comment connaîtra-t-on encore qu’un Concile a été accepté par l’Eglise ? On le connaîtra en voyant que la doctrine décidée par le Concile est enseignée et prêchée par toute l’Eglise, ou que la discipline qu’il a prescrite, est suivie aussi par toute l’Eglise, supposé qu’elle ait été prescrite en effet pour toute l’Eglise. Tous les points de discipline établis par le Concile étant bons en eux-mêmes, quoiqu’il y en ait quelques-uns qui s’accordent peu avec les moeurs de certains pays, cela ne blesse, en aucune sorte, l’infaillibilité du Concile oecuménique sur les matières mêmes de discipline.

Quant à la confirmation du Concile par le Pape, c’est un acte dont l’authenticité est facile à constater, et qui, comme nous l’avons vu, est essentiel pour l’oecuménicilé, la légitimité, l’infaillibilité d’un Concile : pour l’oecuménicilé, car on ne peut soutenir qu’un Concile représente toute l’Eglise, s’il ne représente la partie principale, la tête de l’Eglise; pour la légitimité du Concile : en effet, qui oserait considérer comme légitime un Concile qui ne serait pas en communion avec le Pape ? Pour l’infaillibilité du Concile : Pierre a été chargé de confirmer ses frères les évêques, et pour cela Jésus-Christ a prié, afin que sa foi ne défaille point. Si donc Jésus-Christ a promis de se trouver au milieu des évêques assemblés en son nom, c’est au milieu des évêques confirmés par Pierre; son Eglise, celle qu’il assiste, contre laquelle ne prévaudront point les portes de l’enfer, c’est l’Eglise bâtie sur Pierre.” 3


  1. Guérin 1868, pp. ix-xi. ↩︎

  2. Guérin 1868, pp. xlvi-xlvii. ↩︎

  3. Guérin 1868, pp. lii-liv. ↩︎

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