Forme
Concile de Trente, sess. 14, chap. 3, 1551 : “… la forme de ce Sacrement de Pénitence, en quoi consiste principalement sa force et sa vertu, est renfermée en ces paroles, que le Ministre prononce, Je vous absous, etc. auxquelles à la vérité, par une louable coûtume de la sainte Eglise, on joint encore quelques autres prières; mais elles ne regardent nullement l’essence de la forme du sacrement, et ne sont point nécessaire pour son administration.” 1
Saint Alphonse de Liguori, Théologie morale : “La forme : ce sont les paroles du Confesseur: Ego te absolvo à peccatis tuis. Le mot te est-il de l’essence du Sacrement, aussi bien que les autres à peccatis tuis?
Il y a deux opinions; mais, comme l’affirmative est suffisamment probable, on doit la suivre en pratique, ainsi qu’il résulte de la Prop. 1. condamnée par Innocent XI : “Il est permis de se servir de l’opinion probable en administrant les Sacremens.”
Il est certain que les paroles In nomine Patris, etc. ne sont pas essentielles, et que l’on ne commet qu’un péché véniel en les omettant.
Les premières paroles qui précèdent, Misereatur tui, etc. et Indulgentiam, etc. peuvent être omises sans aucun péché. Plusieurs Docteurs disent la même chose des paroles : Dominus noster Jesus-Christus, etc. mais je dis avec le P. Concina qu’on ne peut les omettre sans péché véniel, car le Rituel Romain porte qu’on ne peut les omettre que lorsqu’il y danger de mort, et on dit alors : Ego te absolvo ab omnibus censuris, et à peccatis tuis, in nomine Patris, etc. On doit prononcer la forme en présence du pénitent…” 2
Abbé Migne, Encyclopédie théologique, 1862: “Tout est-il absolument nécessaire dans les paroles sacramentelles que nous venons d’énoncer? Y en a-t-il qu’on puisse omettre sans nuire à la validité du sacrement, ou au moins sans péché?
Le concile de Trente et le pape Eugène IV ont ajouté etc. après ces mots: Ego te absolvo. Est-ce parce qu’ils sentaient que ces paroles employées dans la formule de l’absolution, a peccatis tuis, in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancii, fussent de l’essence du sacrement? ou est-ce une simple abréviation? Les théologiens ne sont pas d’accord sur ce point.
Pour dire toute notre pensée sur la nécessité et la valeur de chacun des mots de la formule que nous employons, nous allons en prendre chacun des termes et dire notre opinion sur leur nécessité pour la validité ou la licité du sacrement.
On pense communément que l’omission du mot Ego ne nuirait point à la validité du sacrement, parce que le verbe absolvo signifie l’action et désigne suffisamment celui qui l’opère. Il y aurait péché véniel à l’omettre sans nécessité et par négligence.
Le mot absolvo est de l’essence du sacrement, parce qu’il signifie principalement la grâce du sacrement.
Faut-il en dire autant du mot te? Quelques théologiens le croient, parce qu’il détermine le sujet; d’autres le nient, parce qu’ils pensent que le sujet est suffisamment déterminé par l’action du prêtre qui parle au pénitent, étend la main sur lui, et par ces autres mots : peccatis tuis. Quoique cette dernière opinion nous paraisse la plus fondée en raison, nous jugeons que ce serait une grande témérité d’omettre le pronom te. En matière de sacrement, on ne doit pas se conduire par la probabilité; mais il faut prendre le certain lorsqu’on peut l’avoir.
Il y a plus de doute sur la nécessité de ces mots : a peccats tuis. Les uns croient qu’ils sont de l’essence du sacrement, parce que Jésus-Christ, en l’instituant, les a employés: Quorum remiseritis peccata. Les autres disent que les circonstances déterminent suffisamment la matière de l’absolution. Cette dernière opinion nous paraît assez fondée en raison; mais, par le motif énoncé dans le paragraphe précédent, nous jugerions coupable de péché mortel celui qui les omettrait volontairement.
Quant à ces mots: In nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti, on pense généralement qu’ils ne sont pas de l’essence du sacrement. Quelques théologiens font un péché mortel de leur omission; quelques autres n’en voient point du tout, le plus grand nombre juge qu’il y a un péché véniel: c’est aussi notre opinion.” 3
Cardinal de la Luzerne, 1818: “La formule que l’on doit employer se trouvera dans le Rituel; mais il ne faut pas croire que toutes les parties qui la composent, soient essentielles au Sacrement et en composent la forme. On ne regarde, comme la véritable forme essentielle, que ces mots: Te absolvo; le Concile de Trente n’en indique pas d’autres. Le pronom ego n’est pas nécessaire, puisqu’il est renfermé dans le mot absolvo: les mots à peccatis tuis sont aussi renfermés dans le terme absolvo, qui s’étend nécessairement à tous les péchés.
Enfin l’invocation des Personnes de la Sainte Trinité n’est pas essentielle à la pénitence comme au baptême; car Jésus-Christ n’a pas ordonné de confesser, comme il a enjoint de baptiser, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Les seuls mots essentiels sont donc, te absolvo, qui expriment suffisamment et l’action du Ministre et l’effet du sacrement.
Cependant un Prêtre pécheroit grièvement, quoiqu’il adıministrat validement le Sacrement, s’il omettoit, sans nécessité, de réciter les prières et de dire toutes les paroles dont est composée la formule de l’Absolution. En remettant les péchés du pénitent, il se chargeroit lui-même d’un péché bien grave. Une omission de ce genre ne pourroit venir que de mépris ou de négligence; l’un et l’autre seroient criminels. Nous disons qu’on ne doit omettre aucune parole de cette formule, sans nécessité; car il y a une circonstance dans laquelle on peut et on doit même en passer quelques-unes. C’est lorsqu’on absout un moribond dans son dernier moment, et que l’on craint une mort trop prompte pour pouvoir réciter la totalité de la formule; alors il faut se contenter de dire : Ego te absolvo ab omnibus censuris et peccatis tuis: In nomine, etc. Ou même, si le cas est plus urgent, on se contentera de dire simplement: Absolvo te.” 4
Saint Alphonse de Liguori : “… le confesseur ne peut pas répéter l’absolution sur la tête du même pénitent déjà disposé, sans un doute probable et prudent de l’avoir oubliée.” 5
Chanut 1674, p. 148. ↩︎