Foi catholique traditionnelle
Visitez le site vaticancatholique.com pour des informations cruciales sur la foi catholique traditionnelle.

Chap. 8 - De la nécessité, et du fruit de la Satisfaction

Enfin, à l’égard de la Satisfaction, qui, de toutes les parties de la Pénitence, bien qu’en tout temps recommandée aux chrétiens par les saints Pères, se trouve cependant seule plus que les autres combattue en ce siècle, sous un grand prétexte de piété, par des gens qui ont une apparence de piété, mais qui en ont renié la vertu; le saint Concile déclare qu’il est entièrement faux et contraire à la parole de Dieu de dire que le Seigneur ne pardonne jamais la faute, qu’en même temps il ne remette toute la peine; car, outre l’autorité de la tradition divine, il se trouve dans les saintes Ecritures des exemples illustres et convaincants qui détrui sent manifestement cette erreur.

Il semble en effet que la justice de Dieu exige qu’il suive des règles différentes pour recevoir en sa grâce ceux qui avant le Baptême ont péché par ignorance, et ceux qui, après avoir été une fois délivrés de la servitude du péché et du démon, et après avoir reçu le don du Saint-Esprit, n’ont pas craint de profaner sciemment le temple de Dieu et de contrister le Saint-Esprit.

D’ailleurs il convient à la bonté de Dieu de ne pas nous dispenser totalement de lui faire satisfaction pour les péchés qu’il nous pardonne; de peur que prenant de là occasion de les estimer légers, nous ne venions à tomber dans des crimes plus énormes, comme pour insulter et outrager le Saint-Esprit, amassant ainsi sur nos têtes un trésor de colère pour le jour de la colère. Car il est certain que ces peines qu’on impose pour la satisfaction détournent beaucoup du péché; retenant les pénitents comme par un frein et les obligeant d’être à l’avenir plus vigilants et plus sur leurs gardes, outre qu’elles servent de remède à ce qui peut rester du péché, et détruisent par la pratique des vertus contraires les mauvaises habitudes contractées par une vie déréglée.

Il est constant de plus que dans l’Église de Dieu, jamais on n’a estimé qu’il y eût de voie plus assurée pour détourner les châtiments dont Dieu menace les hommes, que de fréquenter ces oeuvres de pénitence avec une vraie douleur du coeur. Ajoutez à cela que, pendant que nous souffrons pour nos péchés en satisfaisant, nous devenons conformes à Jésus-Christ, qui a satisfait lui-même pour nos péchés, de qui vient toute notre capacité de bien faire, et par là nous avons un gage très-assuré que si nous souffrons avec lui, nous aurons part à sa gloire.

Mais cette satisfaction par laquelle nous payons pour nos péchés n’est pas tellement notre qu’elle ne soit en même temps par Jésus-Christ. Car nous qui ne pouvons rien de nous comme de nous-mêmes, nous pouvons tout avec le secours de celui qui nous fortifie. Ainsi l’homme n’a point de quoi se glorifier; mais toute notre gloire est en Jésus Christ, en qui nous vivons, en qui nous méritons, en qui nous satisfaisons, faisant de dignes fruits de pénitence, lesquels tirent de lui leur vertu, par lui sont présentés à son Père, et en lui sont agréés par son Père.

Les prêtres du Seigneur doivent donc, autant que le Saint-Esprit et leur propre prudence leur suggérera, enjoindre des satisfactions salutaires et convenables, selon la qualité des crimes et le pouvoir des pénitents, de peur que les traitant avec trop d’indulgence et les flattant dans leurs péchés par des satisfactions légères pour des crimes considérables, ils ne se rendent eux-mêmes complices des péchés d’autrui. Et ils doivent avoir en vue que la satisfaction qu’ils imposent, non-seulement puisse servir de remède à l’infirmité des pénitents et de préservatif pour conserver leur nouvelle vie, mais qu’elle soit aussi leur punition et le châtiment des péchés passés. Car les anciens Pères que nous suivons croient et enseignent que les clefs ont été données aux prétres non-seulement pour délier, mais aussi pour lier. Ils n’ont pas cependant estimé que le sacrement de Pénitence fût pour cela un tribunal de colère ou de peines, comme jamais non plus catholique n’a pensé que ces sortes de satisfactions obscurcissent ou diminuent tant soit peu la vertu du mérite et de la satisfaction de notre Seigneur Jésus-Christ.

Mais les novateurs ne le voulant point comprendre, enseignent que la bonne pénitence n’est autre chose que le changement de vie, et détruisent par là toute la force et tout l’usage de la satisfaction.

0%