Ministre
Concile de Trente, sess. 7, Décret des Sacrement, can. 11, 1547 : “Si quelqu’un dit, que l’intention, au moins celle de faire ce que l’Eglise fait, n’est pas requise dans les Ministres des Sacrements, lorsqu’ils les font, et les confèrent; qu’il soit anathème. 1
Concile de Trente, sess. 7, Décret des Sacrement, can. 4, 1547 : “Si quelqu’un dit, que le Baptême donné même par les hérétiques au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, avec l’intention de faire ce que fait l’Eglise, n’est pas un véritable Baptême; qu’il soit anathème.” 2
Eugène IV, concile de Florence, Exultate Deo, 1439 : “Le ministre de ce sacrement est le prêtre à qui il incombe de par sa charge de baptiser; mais en cas de nécessité, ce n’est pas seulement un prêtre ou un diacre, mais même un laïc ou une femme, bien plus un païen et un hérétique qui peut baptiser, pourvu qu’il respecte la forme de l’Eglise et ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise.” 3
G. Bareille, commentaire du can. 732 : “3. Le baptême, la confirmation et l’ordre, imprimant le caractère, ne peuvent pas être réitérés, c. 732, § 1, sauf sous condition, quand on doute prudemment de la réalité de leur réception ou de leur validité, c. 732, § 2.” 4
Droit canonique de 1917, Can 732: “(1) Les sacrements de baptême, de confirmation et d’ordre, qui impriment un caractère, ne peuvent être réitérés. (2) S’il existe un doute prudent de savoir si ces sacrements ont été réellement ou validement conférés, ils seront réitérés sous condition.” 5
G. Bareille, commentaire du can. 750 : “Les enfants des infidèles peuvent être baptisés, même contre le gré de leurs parents, lorsqu’ils sont en danger de mort et que leur maladie fait prévoir prudemment qu’ils vont mourir avant l’usage de la raison, c. 750.
§ 1. — Hors le cas de danger de mort, mais seulement lorsque leur éducation chrétienne est assurée, on les baptise licitement, si leurs parents ou tuteurs, ou tout au moins l’un d’eux, y consentent, ou encore s’ils font défaut, s’ils ont perdu tout droit sur eux ou ne peuvent exercer ce droit d’aucune manière. c. 750, § 2, nn. 1, 2.” 6
Droit canonique de 1917, Can. 750 : “(1) L’enfant des infidèles est baptisé licitement, même contre le gré des parents, lorsque son état de santé est tel qu’on peut prévoir raisonnablement qu’il mourra avant d’atteindre l’âge de raison. (2) En dehors du péril de mort et à condition qu’il soit pourvu à son éducation catholique, l’enfant des infidèles est baptisé licitement : (a) Si les parents ou tuteurs,ou l’un d’eux au moins consentent; (b) Si les parents, c’est-à-dire le père, la mère, le grand-père, la grand-mère, les tuteurs font défaut ou ont perdu tous droits sur l’enfant ou s’ils sont dans l’impossibilité d’exercer leurs droits.” 7
G. Bareille, commentaire du can. 752 : “§ 1. Relativement au baptême, l’adulte est celui qui a l’usage de la raison après sa septième année : il est sui juris; il a donc le droit de recevoir le baptême, s’il le veut, à la condition d’être suffisamment instruit et de se repentir de ses fautes; ses parents n’ont pas le droit d’y mettre obstacle, c. 752, § 1.
§ 2. En danger de mort, et dans l’impossibilité de pouvoir recevoir l’instruction suffisante, l’adulte peut être baptisé, pourvu qu’il manifeste de quelque manière son adhésion aux principaux mystères de la foi et qu’il promette sérieusement d’observer les préceptes de la religion chrétienne, c. 752, § 2. — Dans l’hypothèse où il ne pourrait pas parler et demander alors le baptême, il suffit qu’il en ait manifesté l’intention antérieurement ou qu’il la manifeste alors d’une manière probable pour que le baptême lui soit conféré sous condition, c. 752, § 3.” 8
Droit canonique de 1917, Can. 752: (1) L’adulte ne sera baptisé que sciemment et volontairement; il sera suffisamment instruit et averti d’avoir à se repentir de ses péchés. (2) En péril de mort, si l’adulte ne peut être instruit plus diligemment sur les principaux mystères de la foi, il suffit, pour lui conférer le baptême, qu’il montre de quelque façon qu’il y consent et qu’il promette sérieusement d’observer les préceptes de la religion chrétienne. (3) Si l’adulte n’est même pas en état de demander le baptême mais s’il a manifesté auparavant ou manifeste quelque intention probable de le recevoir, il doit être baptisé sous condition; si ensuite il se rétablit et si le doute subsiste au sujet de la valeur du baptême qui lui a été conféré, il sera à nouveau baptisé sous condition.” 9
Saint Pierre Canisius, Le grand catéchisme : “Et quoique ce soit la propre fonction des prêtres d’administrer ce sacrement, néanmoins, lorsque la nécessité est pressante, le baptême peut aussi être conféré par d’autres, et même s’il le faut par des hérétiques ou des impies, pourvu que la forme employée par l’Eglise, ou les paroles dont elle se sert, soient observées.” 10
Encyclopédie théologique : “Mais il ne faut faire administrer le baptême par un infidèle, ou un hérétique, ou un schismatique, ou un excommunié, que dans le péril évident de mort, et seulement lorsqu’il ne se trouver aucune autre personne qui puisse ou qui sache baptiser… ils pécheraient s’ils faisaient baptiser leurs enfants par ces sortes de personnes hors ce cas d’extrême nécessité, et lorsqu’il y a un catholique, soit homme ou femme, qui peut et qui sait baptiser.
S’il se trouve un prêtre [catholique], il doit être préféré à un diacre; celui-ci à un sous-diacre; un clerc à un laïque, un homme à une femme, si ce n’est dans le cas où la bienséance et la pudeur demandent qu’une femme soit préférée à un homme : par exemple, si la nécessité est telle qu’il faille absolument baptiser l’enfant dans le temps que la mère n’est pas entièrement délivrée… Il faut aussi préférer, sans le cas de nécessité, une femme à un homme, quand il ne se trouve point d’homme catholique ou non excommunié, ou qui soit suffisamment instruit, et qu’une femme sait mieux la manière de baptiser.” 11
Encyclopédie théologique : “Un laïque qui baptise, même dans le cas de nécessité, contracte une alliance spirituelle avec la personne baptisée et avec ses père et mère : cette alliance est un empêchement de mariage.” 12
Abbé Migne, Encyclopédie théologique, 1856: “Le concile de Trente a déclaré que, pour qu’un sacrement soit validement administré, il est nécessaire que celui qui l’administre ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise.
Le concile n’a pas dit qu’il faut avoir l’intention qu’a l’Eglise, mais seulement la volonté de faire l’acte sacramentel que fait l’Eglise, ce qui est très-différent.
Pour avoir cette intention, il n’importe en rien qu’on ait la foi et encore moins qu’on soit en état de justice. On conçoit très bien que celui qui ne croit pas à la religion chrétienne administre cependant un sacrement en voulant simplement, soit par complaisance ou par tout autre motif, faire ce que fait l’Eglise chrétienne, sans s’occuper du reste, et même en disant que, pour ce qui le concerne, il regarde la cérémonie comme indifférente.
De l’aveu de tous les théologiens, cette volonté sérieuse, sans la foi, de faire ce que fait l’Eglise, suffit pour constituer l’administrateur vrai ministre de l’Eglise dans le moment où il accomplit l’acte sacramentel, et, par suite, pour la validité du sacrement.
D’un autre côté, on s’accorde également pour reconnaître qu’il n’y a pas intention de faire ce que fait l’Eglise, lorsque l’acte n’est pas un acte humain, moral et sérieux extérieurement; par exemple, lorsque c’est un idiot, un somnambule, en un mot, un homme privé actuellement de l’usage de sa raison qui administre, et encore lorsque l’ensemble des circonstances visibles annonce un jeu, une dérision, une bouffonnerie, comme cela pourrait avoir lieu sur un théâtre, dans une orgie, dans une mascarade, etc.
Mais on a poussé plus loin la question; et on s’est demandé si le sacrement serait valide dans le cas où le ministre ferait l’acte et prononcerait les paroles avec le sérieux extérieur qu’y met l’Eglise, tout en se moquant intérieurement de ce qu’il fait, et disant dans son âme, au moment où il agit, qu’il ne veut rien faire de sérieux, qu’il veut seulement se moquer et feindre, bien qu’au dehors la feinte soit complète et annonce, par l’ensemble des circonstances, l’administration d’un sacrement.
On a appelé cette intention, intention extérieure, par opposition à l’intention intérieure de celui qui, tout en ne croyant pas, dit en lui-même : Je veux faire ce que fait l’Eglise; je fais abstraction de ma manière de voir, et je veux tout ce qu’elle veut, quoique, à mon avis, ce soit comme si je ne faisais rien.
Ces mots intention extérieure pourraient paraître, au premier abord, contradictoires; toute intention, en effet, est intérieure ou n’est pas intention: mais il faut observer que ce n’est qu’un terme de convention pour nommer, préciser et fixer la distinction très réelle que nous venons d’exposer.
Dans le cas qu’on nomme celui de l’intention extérieure, il reste, malgré l’état moral intérieur qu’on suppose, une véritable intention intérieure qui a pour objet l’acte sérieux extérieurement et fait dans toutes les conditions apparentes que l’Eglise exige, puisqu’on suppose un homme raisonnable, agissant librement, et faisant la chose dans toutes ces conditions; il est évident que s’il ne voulait pas la faire ainsi, il ne la ferait pas, et que, quoi qu’il dise dans sa pensée, il veut encore faire ce que fait l’Eglise par l’hypothèse même qu’il le fait librement, volontairement, humainement.
La seule chose qui le distingue du premier, c’est qu’il ne s’unit pas, ne serait-ce que par complaisance, d’intention à l’Eglise; il ne veut avoir, d’aucune manière, l’intention, le but, la volonté qu’a l’Eglise, mais il veut faire, tout en s’en moquant dans son âme, d’une manière sérieuse et complète à l’extérieur, ce que fait l’Eglise, puisque c’est ce qu’il fait.
Cette volonté suffit-elle ? Un très-grand nombre de théologiens répondent qu’elle suffit et en apportent de nombreuses raisons, dont la principale est que, si l’on exigeait l’intention intérieure au sens susdit, tout serait incertain, dans l’Eglise, sur la validité des sacrements, puisqu’on ne peut connaître cette intention, tandis qu’on connaît l’autre par l’acte lui-même.
Nous sommes complètement de cet avis, et il nous semble que le concile de Trente résout suffisamment la question en n’exigeant que l’intention de faire l’acte que fait l’Eglise, et nullement l’intention qu’a l’Eglise; car dire en soi-même sérieusement: Je veux agir comme l’Eglise sous tout rapport et sans feinte, c’est s’unir, en gros, d’intention avec elle, et avoir l’intention qu’elle a. Ne produire en soi aucun acte de moquerie, c’est encore avoir implicitement l’intention de l’Eglise au moment où on fait l’acte d’une manière sérieuse; il n’y a de cas où il ne reste que l’intention nue de faire ce que l’Eglise fait, que celui où on se détermine librement à le faire, en y ajoutant la moquerie, qui n’est autre que l’exclusion des intentions de l’Eglise, mais qui n’est pas l’exclusion de l’intention de faire ce qu’elle fait, puisqu’on le fait librement et sérieusement à l’extérieur.
Si nous étendons à ce détail notre parallèle du langage et du sacrement, nous arriverons encore à une similitude parfaite. Il est bien vrai, comme nous l’avons dit, que tout mot prononcé clairement, fût-il émis par un automate, suscite dans ceux qui l’entendent l’idée qui lui correspond: mais le sacrement n’est pas seulement un mot, c’est un discours qui a un sens sérieux, lequel consiste à appeler, à déterminer une action de Dieu sur l’âme; c’est donc un discours complet qu’il faut lui comparer.
Prenons pour exemple un discours impératif, comme serait celui d’un père commandant quelque chose à son fils. Supposons ce discours prononcé par un automate; a-t-il le sens sérieux qui fera que celui à qui il s’adresse obéira ? Nullement; il dit la chose, mais il la dit inutilement. Supposons-le prononcé par le père en état de somnambulisme; il en sera de même; le fils ne prendra pas l’ordre au sérieux, et la parole du père sera sans vertu, parce que, l’intention manquant, elle ne sera que machinale. Supposons-le prononcé d’une manière qui indique la plaisanterie; il en sera de même. Supposons-le prononcé dans le jeu d’une scène dramatique, ni l’ordre, ni son exécution ne seront un ordre véritable et une exécution réelle, etc., etc.
Mais supposons que le père le prononce avec toutes les apparences du sérieux et de la réalité dans les circonstances ordinaires; le fils devra obéissance, et la parole aura toute la vertu qu’a celle d’un père en pareil cas. Mais supposons, en même temps, que le père, dans sa pensée intime et sans le manifester en aucune sorte, se moque de ce qu’il dit, et incline son intention dans un sens tout contraire à celui que sa parole emporte avec elle pour ceux qui l’entendent; la vertu du commandement y perdra-t-elle quelque chose ? Elle n’y perdra rien relativement au fils, puisqu’on suppose que l’extérieur est de tout point semblable à celui du père qui parle sérieusement. Pourquoi ? Parce que l’intention ne manque pas à la parole elle-même, et que celui qui manifeste cette intention, impliquée par la parole, veut librement la manifester ainsi; il a l’intention extérieure, au sens théologique, de commander, puisqu’il commande avec toutes les conditions d’un commandement réel, quoiqu’il n’ait pas l’intention intérieure au sens des théologiens; il veut parler comme un père qui commande, il veut faire ce que fait un père qui commande, mais il n’a pas l’intention réelle intérieure d’un père qui commande, et son ordre n’en est pas moins bon.
On voit, par cet exemple, combien est raisonnable et simple la doctrine théologique de l’intention extérieure seule requise dans le ministre pour la validité des sacrements. Il faut, et dans le sacrement et dans le langage naturel, pour la vertu plastique du sacrement et du langage, que l’intention soit dans la forme sensible, et que cette forme exprime l’intention sérieuse; si elle exprime l’idée accompagnée de dérision, de bouffonnerie, de singerie, ou si elle part d’un sujet qui n’est pas libre et raisonnable, elle exclut l’intention réelle même à l’extérieur, et c’est en vain qu’elle provoque l’idée, aussi bien en ce qui concerne le sacrement qu’en ce qui concerne le langage naturel.
Dans les deux cas, le discours et l’action d’un automate, d’un idiot, d’un somnambule ne sont point le discours vrai d’un être humain; et celui d’un acteur dans son jeu exprime par lui-même le jeu qui est exclusif de la signification sérieuse. Mais l’intention intime, non manifestée, n’ôte point au discours accompagné de l’action son caractère de vrai discours sérieux, en tant que discours sensible. 13
Cours de liturgie romaine : “Il est évident qu’on pourrait baptiser ces enfants à l’insu de leurs parents, s’ils étaient en danger de mort ou abandonnés; on le pourrait encore, s’ils n’étaient présentés que par un seul, le père ou la mère; ou si l’enfant, ayant atteint l’âge de raison, demandait lui-même le baptême, pourvu qu’il n’y eût pas pour lui un trop grand danger de séduction.” 1