Foi catholique traditionnelle
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Matière

Concile de Trente, sess. 7, Décret des Sacrements, can 2, 1547 : “Si quelqu’un dit, que l’eau vrai et naturelle n’est pas de nécessité pour le sacrement de baptême; et pour ce sujet, détourne, à quelque explication métaphorique, ces paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ, Si un homme ne renaît de l’eau, et du Saint Esprit; qu’il soit anathème.” 1

Saint Pierre Canisius, Le grand catéchisme : “L’élément est de l’eau pure, matière nécessaire, qui, à ne considérer que sa nature, a coutume d’être employée pour nettoyer le corps. Sa signification qui lui est parfaitement appropriée, c’est que le baptême purifie l’âme de ses péchés et rend juste celui qui le reçoit, comme nous le dirons plus loin.” 2

Encyclopédie théologique : “La matière éloigné du baptême est l’eau pure et naturelle. On appelle eau pure et naturelle celle d’une rivière, d’une fontaine, d’un puits, d’une citerne, d’un étang, d’un lac, de la mer, même l’eau de pluie et de rosée, et celle de fontaine même soufrée et minérale…

La matière prochaine du baptême est l’ablution, ou l’application de l’eau sur le corps du baptisé. Elle peut se faire en trois manières. Premièrement, par aspersion, en jetant seulement quelques goutes d’eau sur la personne qu’on baptise… Secondement, par l’immersion, en plongeant la personne dans l’eau… Troisièment, par infusion, en répandant l’eau sur la tête ou sur quelque autre partie notable du corps. On doit baptiser en cette troisième manière…

On doit verser sur celui qu’on baptise de l’eau en assez grande quantité pour qu’on puisse dire qu’il est lavé. Ainsi il ne suffit pas d’en répandre quelques gouttes, ni de mouiller son pouce pour l’en toucher ensuite; mais il faut prendre de l’eau dans un vase, et la verser sur lui. Cette eau doit toucher la peau : car si elle ne touchait que les habits ou les cheveux, celui qu’on baptise ne serait pas baptisé…

Quoiqu’il suffise, pour la validité du baptême, de verser l’eau une fois seulement, l’usage de l’Eglise, qu’il faut suivre, surtout lorsqu’on baptise publiquement, est d’en verser trois fois sur la tête de l’enfant, en formant chaque fois le signe de la croix.” 3

Évêque Thomas Gousset, Théologie morale, 1849: “La matière et la forme sont les deux parties essentielles du sacrement… La matière nécessaire du sacrement de Baptême est l’eau naturelle… Mais toute eau naturelle suffit pour la validité du Baptême. On peut donc baptiser avec de l’eau de mer, de rivière, d’étang, de fontaine, de puits, de citerne, de pluie. En un mot, toute eau, proprement dite, qui n’est point substantiellement altérée, quelle que soit sa qualité, bonne ou mauvaise, chaude ou froide, fût-elle une eau minérale, peut servir de matière au Baptême. Il en est de même de l’eau de neige ou de glace fondue; mais ni la glace, ni la neige ne peut, avant d’être fondue, servir au sacrement. Par conséquent, si l’eau des fonds baptismaux venait à geler, il faudrait faire fondre la glace avant d’administrer le Baptême. L’huile, le vin, le cidre, la bière, ni tout autre liquide qui n’est pas véritablement une eau naturelle, n’offrent pas une matière compétente pour le sacrement.

Le Baptême serait également nul, si l’eau naturelle était tellement altérée qu’elle perdit sa dénomination, qu’elle cessât d’être de l’eau, au jugement de tout homme prudent; telle serait l’eau mélangée avec une matière étrangère qui dominerait. Si, à raison de ce mélange, la matière sacramentelle devient douteuse, on peut s’en servir, à défaut d’une eau pure, dans un cas de nécessité; mais alors on doit réitérer le Baptême, sous condition, le plus tôt possible. Ainsi, par exemple, celui qui, dans un cas pressant, n’aurait sous sa main que de l’eau de lessive ou du bouillon, pourrait et devrait même s’en servir, en attendant qu’il eût une matière certaine pour renouveler le Baptême conditionnellement. Il en est de même de l’eau artificielle ou distillée de fleurs, d’herbes ou de fruits; de l’eau de sel fondu, de celle qui coule du sarment au printemps; car il est douteux si ces différentes espèces d’eau ne peuvent absolument servir pour le sacrement. C’est l’opinion de saint Alphonse de Liguori et de plusieurs autres théologiens.” 4

Évêque Thomas Gousset, Théologie morale, 1849: “Pour qu’il y ait Baptême, il faut qu’il y ait ablution. L’ablution peut se faire en trois manières: par infusion, par immersión et par aspersion. Elle se fait par infusion, quand on verse de l’eau sur le corps de la personne qu’on baptise; par immersion, lorsqu’on plonge le corps dans l’eau baptismale; par aspersion, lorsqu’on jette de l’eau sur le corps de celui qui reçoit le baptême. Il est indifférent, pour la validité du sacrement, de baptiser de l’une ou de l’autre de ces trois manières, pourvu qu’il y ait vraiment ablution; mais pour ce qui regarde la licité, chacun doit se conformer à l’usage de son Eglise. Or il est généralement reçu dans l’Eglise latine de baptiser par infusion. Ainsi, on baptise parmi nous en versant l’eau sur celui à qui on administre ce sacrement, en assez grande quantité pour qu’on puisse dire qu’il est lavé, baptizatus.

Pour assurer le Baptême, il ne suffit pas de faire tomber quelques gouttes d’eau, ni de tremper son doigt ou autre chose dans l’eau, et de les appliquer au sujet; il faut prendre de l’eau dans un vase ou dans une coquille d’une certaine capacité, et la verser sur celui qu’on baptise. On doit de plus avoir soin que l’eau touche immédiatement le corps; si elle ne touchait que les habits, le Baptême serait nul; si elle s’arrêtait aux cheveux, il serait douteux. C’est pourquoi il est bon, et quelquefois nécessaire, que celui qui baptise sépare les cheveux avec la main gauche, pendant qu’il verse l’eau de la droite, afin de s’assurer que l’eau pénètre jusqu’à la peau.

Il suffit à la validité du sacrement de verser de l’eau une seule fois; mais la pratique de l’Eglise, conforme à l’ancienne discipline, prescrit d’en verser trois fois, en formant chaque fois le signe de la croix, tandis qu’on prononce les paroles sacramentelles. Voici la formule prescrite par le Rituel romain pour le Baptême qui se donne par infusion: N. ego te baptizo in nomine Patris † (fundat primo), et Filii † (fundat secundo), et Spiritus sancti † (fundat tertio). Mais cette manière de baptiser n’est obligatoire que pour le Baptême solennel; on peut se contenter d’une seule infusion, quand on baptise dans un cas de nécessité, sans les cérémonies de l’Eglise. Les simples fidèles qui se trouvent quelquefois obligés de baptiser, seraient grandement embarrassés s’ils croyaient ne pouvoir baptiser convenablement sans se conformer à la rubrique du Rituel.” 4

On doit verser l’eau sur la tête de la personne qu’on baptise, non-seulement parce que les Rituels l’exigent, mais encore parce qu’il y a quelque doute si le Baptême serait valide, dans le cas où l’on ne verserait l’eau que sur une des autres parties du corps. Ainsi, quoique le Baptême administré sur la poitrine ou sur les épaules soit réputé valide par le plus grand nombre de théologiens, on doit le réitérer sous condition : « Quisquis alibi » quam in capite baptizatus fuerit, rebaptizandus est sub conditione, » dit saint Alphonse de Liguori (1). Il faudrait le réitérer, à plus forte raison, si l’enfant n’avait été baptisé que sur un pied, sur une main, ou sur toute autre partie du corps moins principale. On doit en effet, dans un cas de nécessité, baptiser un enfant sur quelque membre que ce soit, quand on ne peut le faire ni sur la tête ni sur aucune des principales parties du corps.

  1. La forme du Baptême, pour l’Eglise latine, est ainsi conçue: Ego te baptizo in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti: ou, en français: Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Elle exprime l’action du ministre qui baptise, la personne qui est baptisée, et l’invocation expresse et distincte des trois personnes de la sainte Trinité, au nom desquelles on doit baptiser, selon l’ordre de Jésus-Christ : « Euntes do» cete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus » sancti (2). » Cette forme, qui est équivalemment la même chez les Grecs, est essentielle au sacrement, omnino necessaria est, dit le Rituel romain (3). Nous lisons aussi dans le décret d’Eugène IV, pour les Arméniens: « Forma » Baptismatis est: Ego te baptizo in nomine Patris, et Filii, et Spiritus » sancti. Non tamen negamus quin et per illa verba: Baptizatur talis servus » Christi in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti; vel, baptizatur mа» nibus meis talis in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti, verum per» ficiatur Baptisma. »>

Il est nécessaire, pour la validité du Baptême, que la même personne qui verse l’eau prononce les paroles sacramentelles. Si donc il arrivait que

(1) Lib. vi. no 107. Voyez aussi S. Thomas, Sum. part. 5. quæst. 68. art. 11. - (2) Matth. c. 28. v. 19. (5) De Baptismo.

celui qui baptise perdit l’usage de la parole avant que d’avoir proféré la forme en entier, il faudrait qu’un autre recommençât la cérémonie, en versant l’eau lui-même et prononçant les paroles sacrées.

On ne doit rien changer à la forme du Baptême; un changement, quel qu’il fût, serait illicite, et rendrait le sacrement nul, si les paroles sacramentelles ne conservaient plus leur sens naturel. Un changement peut arriver en cinq manières, savoir: par addition, par omission, par transposition, par interruption ou par corruption; ce que nous avons expliqué dans le traité des Sacrements en général (1), où nous avons aussi parlé de la formule conditionnelle (2).


  1. Chanut 1674, p. 80. ↩︎

  2. Peltier 1873, t. 2, p. 200. ↩︎

  3. Boissonnet 1847, t. 1, p. 160-162. ↩︎

  4. google.fr ↩︎ ↩︎

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