Foi catholique traditionnelle
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Ce qui empêche l'effet du Baptême

Source: Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Pt. III, Q. 69, A. 9

Il faut répondre que, comme le dit saint Jean Damascène (Orth. fid. lib. II, cap. 30), Dieu ne contraint pas l’homme à être juste. C’est pourquoi, pour que quelqu’un soit justifié par le baptême, il faut que la volonté de l’homme embrasse ce sacrement et l’effet qu’il produit. Or, on dit que quelqu’un use de fiction par là même que sa volonté est en contradiction avec le baptême ou avec son effet. Car, d’après saint Augustin (Lib. I de Bapt. cont. Donat. cap. 4, lib. VII, cap. 53), on use de fiction de quatre manières:

  1. Quand on ne croit pas, puisque le baptême est le sacrement de la foi;
  2. Parce qu’on méprise le sacrement lui-même;
  3. Parce qu’on l’administre d’une autre façon sans observer le rite de l’Eglise;
  4. Parce qu’on s’en approche indévotement.

D’où il est évident que la fiction empêche l’effet du baptême.

Source: Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Pt. III, Q. 69, A. 10

Objection 1. Il semble que la fiction cessant, le baptême n’opère pas son effet. Car une œuvre morte qui existe sans la charité ne peut jamais être vivifiée. Or, celui qui s’approche du baptême avec feinte reçoit ce sacrement sans la charité. Il ne peut donc jamais être vivifié au point de conférer la grâce.

Objection 2. La fiction paraît être plus forte que le baptême, puisqu’elle en empêche l’effet. Or, le plus fort n’est pas enlevé par le plus faible. Par conséquent le péché de fiction ne peut être effacé par le baptême que la fiction empêche : et par suite le baptême n’obtient pas son effet qui consiste dans la rémission de tous les péchés.

Objection 3. Il arrive qu’on s’approche du baptême avec feinte, et qu’après l’avoir reçu on commette beaucoup de péchés. Ces péchés ne sont cependant pas effacés par ce sacrement, parce qu’il efface les péchés passés et non les péchés à venir. Le baptême dans ce cas n’obtiendra donc jamais son effet qui est la rémission de tous les péchés.

Mais c’est le contraire. Saint Augustin dit (De Bapt. lib. I, cap. 12): Alors le baptême commence à être utile pour le salut, quand une confession franche et vraie remplace cette fiction qui, tant que le cœur persévérait dans sa malice ou son sacrilége, ne permettait pas que les péchés fussent effacés.

Il faut répondre que, comme nous l’avons dit (quest. LXVI, art. 9), le baptême est une régénération spirituelle. Or, quand une chose est engendrée, elle reçoit tout à la fois avec la forme l’effet de la forme, à moins qu’il n’y ait un obstacle; et quand cet obstacle est enlevé, la forme de la chose engendrée produit son effet. Ainsi quand un corps grave est engendré, il est en même temps porté à descendre de haut en bas, à moins que quelque chose ne l’en empêche. Et dès que cet obstacle est détruit, il commence alors à se mouvoir de cette manière.

De même, quand on est baptisé, on reçoit le caractère qui est comme la forme, et on obtient son effet propre, qui est la grâce qui remet tous les péchés. Mais cet effet est quelquefois empêché par la fiction. Par conséquent il faut que dès que la pénitence a fait cesser cette dernière, le baptême obtienne immédiatement son effet.

Il faut répondre au premier argument, que le sacrement de baptême est l’œuvre de Dieu et non de l’homme. C’est pourquoi ce n’est pas une œuvre morte dans celui qui dissimule et qui reçoit ce sacrement sans la charité.

Il faut répondre au second, que la fiction n’est pas détruite par le baptême, mais par la pénitence que l’on fait ensuite. Dès qu’elle a cessé, le baptême efface tous les péchés et la peine méritée par ceux qui ont précédé le baptême et qui existaient simultanément avec lui. C’est ce qui fait dire à saint Augustin (loc. sup. cit.): Le jour d’hier est pardonné et tout ce qui précède, l’heure même et le moment avant le baptême et pendant le baptême est aussi pardonné; ensuite on commence à redevenir coupable. Par conséquent le baptême et la pénitence concourent à produire l’effet du baptême; le baptême comme la cause qui agit par elle-même, et la pénitence comme la cause par accident, c’est-à-dire qui écarte l’obstacle.

Il faut répondre au troisième, que l’effet du baptême n’est pas d’effacer les péchés futurs, mais les péchés présents ou passés. C’est pourquoi, quand la fiction cesse, les péchés qui suivent sont remis, mais ils le sont par la pénitence et non par le baptême. Par conséquent ils ne sont pas remis complétement quant à la peine qu’ils ont méritée, comme les péchés qui précèdent le baptême.

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